✅ Récapitulatif : lorsqu’on te dit qu’une personne est une force de la nature, ça implique qu’on parle de son caractère et donc de son essence. La nature est aussi ce qui s’oppose à la culture . Tu es un produit de la nature tandis que la culture est un produit de l’homme. C’est pour ça qu’on te parle de « culture artificielle » ! 😉
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👉 En classe, tu seras amené à parler d’ Aristote , le pionnier de la métaphysique, la science qui étudie ce qui est au-delà de la nature.
Ce philosophe et polymathe grec de l’Antiquité a introduit la notion de « physis », souvent traduite par le terme « nature » en français. Elle fait référence à l’ensemble des principes qui permettent aux êtres vivants et aux choses matérielles d’exister et de se développer selon leurs propres principes 🤝
S’il n’y avait pas d’autre essence que celles qui sont constituées par la nature , la physique serait la science première .
Métaphysique
D’après Aristote , la physis est une force interne qui anime toutes les créatures vivantes et qui leur permet de se reproduire et de se mouvoir. Cette énergie serait inscrite dans leur essence même et serait à la base de la philosophie aristotélicienne !
↪️ Idées clés de la notion
Pour Aristote, la physis est en opposition à la « tekhnè » qui n’est pas considérée comme naturelle puisqu’elle implique une intervention de l’homme sur la matière brute pour la transformer en quelque chose de différent ⛏️
💡 Le savais-tu ?
Le mot « tekhnè » (ou technè) désigne l’ensemble des activités humaines visant à transformer la nature pour répondre à des besoins ou des fins pratiques.
📚 Découvre 7 termes français issus de mots d’origine grecque !
Quand tu as un contrôle de philosophie de prévu, dis-toi que tu peux tomber sur n’importe quel sujet de dissertation mais que la notion de nature te sera toujours utile . Ce concept est si large qu’il regroupe beaucoup de pensées philosophiques utiles ✌️
↪️ Exemples de problématiques
Pour réussir ta dissertation, pense à définir les termes de ton sujet. En connaissant les sens philosophiques du mot nature, tu dégageras plus facilement les enjeux liés à la problématique donnée. Est-ce qu’on te parle de la nature comme essence ? À toi de le découvrir ! 💫
Si ton sujet se prête à la question de l’écologie, tu peux t’appuyer sur les devoirs moraux que les humains ont envers la nature. Ça te permettra d’expliquer dans ta copie que le concept de nature est large et implique l’avis de quelques-uns de tes philosophes préférés. Tu ignores leurs idées ? On t’en parle tout de suite ! 👇
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La nature et les lois physiques 🌿.
Impossible de parler de la relation entre nature et culture sans évoquer René Descartes ! Pour ce philosophe français, la nature est constituée de corps matériels qui obéissent à des lois physiques . Ça te rappelle la métaphysique d’Aristote, avoue ? 😎
↪️ Les lois de la nature
En revanche, la culture est selon Descartes le domaine de l’esprit et de la liberté humaine. Elle se distingue de la nature parce qu’elle est créée par les humains ET pour les humains.
La culture est l’ensemble des productions de l’esprit humain comme les œuvres d’art , les langues ou encore les traditions. Contrairement à la nature, la culture est soumise à ta volonté et tu peux la transformer en fonction de tes choix.
Remarque : la distinction entre nature et culture de Descartes a eu une influence considérable sur la pensée philosophique moderne puisqu’elle sépare de façon nette le domaine de la science et celui des humanités.
🧠 Découvre la notion d’ inconscient en philosophie !
Attaquons-nous à l’avis de Jean-Jacques Rousseau maintenant. Pour cet écrivain, philosophe et musicien genevois, la culture est une négation de la nature parce qu’elle impose des contraintes artificielles aux hommes. En clair, elle les éloignerait de leur état naturel et de leur liberté ! 🕊️
La culture peut étouffer les instincts naturels des individus lorsqu’ils sont soumis à des normes et des conventions sociales. Si ces normes ne sont pas en accord avec leur nature profonde, elles sont ce qu’on appelle des « règles artificielles ».
👉 Rousseau n’est d’ailleurs pas le seul à considérer la culture comme une négation de la nature. Diderot partage également cet avis lorsqu’il oppose l’état sauvage de l’homme à sa condition civilisée 🐯
La culture réprime les passions naturelles des humains et les soumet à des règles arbitraires. Encore une fois, ils se retrouvent soumis à des contraintes sociales et culturelles.
👨⚖️ Fiche de cours : la justice en philosophie !
En philosophie, tu es obligé de croiser des opinions divergentes ! Quand Rousseau et Diderot parlent de la culture comme négation de la nature, sache que leur avis n’est pas partagé par TOUS les philosophes (et c’est bien normal) 🙅
L’avis de Rousseau et Diderot est souvent critiqué à cause de son penchant pour l’essentialisme . Ce mode de pensée désigne « toute philosophie qui affirme le primat absolu de l’essence sur l’existence ».
Des philosophes comme Hegel et Marx se sont écartés de cette conception de la nature et ont cherché à montrer que la culture est une création de l’homme. Cette création s’inscrirait selon eux dans une évolution historique et pourrait être comprise comme une forme de médiation entre l’homme et la nature .
Dépourvu d’une culture avec laquelle on puisse s’identifier, on est réduit à l’absolu nécessaire de la vie.
Adriaan Peperzak
Hegel et la culture moderne
Du côté de Claude Lévi-Strauss, célèbre anthropologue français , tu seras peut-être amené à étudier La pensée sauvage (1962) et Les structures élémentaires de la parenté (1955) 😎
La Pensée sauvage est un classique de l’ethnologie contemporaine. Il aborde les mythes, les rites, les croyances et les autres faits de culture qui sont comparables à ceux que la nature engendre sous d’innombrables formes (minérales, végétales, etc.) 🌱
👉 Selon Lévi-Strauss, l’opposition entre la nature et la culture n’est pas absolue parce qu’il n’existe pas de sociétés humaines entièrement « naturelles » ou entièrement « culturelles ». Il voit plutôt la culture comme un moyen de donner un sens à l’existence des humains.
Pour comprendre clairement la distinction entre ces deux ordres, checke ce tableau ! 👇
Ordre | Explications |
---|---|
La culture | C’est un système symbolique de représentations qui permet aux individus de s'approprier le monde qui les entoure et de le comprendre. |
La nature | C’est un ensemble de données qui ne possède pas de sens ou de significations et qui est construit à partir de la nature. |
✅ Récapitulatif : l’opposition entre nature et culture se traduit donc chez Lévi-Strauss par une tension entre deux modes. Tu as d’un côté le mode de la pensée sauvage, qui prévaut l’observation des phénomènes naturels, et le mode de la pensée domestique, qui s’appuie sur des catégories symboliques pour donner un sens au monde 🌐
Dans Les structures élémentaires de la parenté , le deuxième ouvrage qu’on te conseille d’étudier (si ce n’est pas déjà fait !), Lévi-Strauss explique que cette opposition correspond à une construction symbolique entre nature et culture qui varie selon les sociétés 🙋♂️
Les règles matrimoniales, c’est-à-dire l’ensemble des dispositions concernant les rapports patrimoniaux entre époux , permettraient de structurer les relations entre les individus.
Si tu as déjà entendu parler du philosophe Henri Bergson en cours, c’est normal ! Selon lui, la culture est le fruit d’une évolution qui s’inscrit dans la continuité de la nature et non pas comme une rupture ou une négation de cette dernière 😊
📚 Les idées et avis de Bergson
En clair, ça signifie que la culture serait une extension naturelle de la vie ! La culture se développerait à partir d’une accumulation de savoir-faire et de techniques qui permettent à l’homme de maîtriser son environnement et d’améliorer ses conditions de vie 🥰
⚠️ Attention, cependant !
Selon Bergson, la culture n’est pas qu’une continuation de la nature. Elle implique un dépassement et une transformation de celle-ci. La culture t’aide à transcender les limites de ton corps quand tu développes tes capacités intellectuelles.
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Dans le programme de Terminale, tu peux rencontrer trois notions : l’écologie profonde, l’écologie sociale et l’écologie politique . On te les explique grâce à trois auteurs et philosophes contemporains ! 💫
Arne Naess est à l’origine de la distinction entre « écologie profonde » et « écologie superficielle » . Pour suivre les traces de grandes figures comme Spinoza et Gandhi, Næss a défini sa propre conception de l’écologie profonde.
↪️ Les deux types
Dans son œuvre, Murray Bookchin explique que les problèmes écologiques découleraient principalement de problèmes sociaux liés à des formes de hiérarchie et de domination. On pourrait accéder à une nature idéale en mettant en place une société morale, solidaire et guidée par la raison.
La domination qu’exercent les riches sur les pauvres […] se prolonge dans la domination que les sociétés […] exercent sur leur environnement.
Murray Bookchin
Essayiste écologiste
Cette théorie philosophique et politique prône le « communalisme », une société basée sur la localité et la représentation politique , comme nouvelle organisation sociale. Tu vois ainsi que ce système s’oppose au capitalisme !
Affolés quant au désastre écologique en cours, ces deux auteurs pointent du doigt dans leur livre l’impuissance des politiques en place. Ce livre t’amène à réfléchir sur le rapport entre politique et nature , deux notions sans doute pas si éloignées que ça. Tu en dis quoi ? 🤔
L’écologie doit accepter de donner un sens nouveau au terme de classe .
Bruno Latour et Nikolaj Schultz
Mémo sur la nouvelle classe écologique
Selon Bruno Latour et Nikolaj Schult, le monde politique doit repenser le pouvoir et l’alliance possible de la « classe écologique » avec la classe ouvrière . Les multiples conflits qui ont lieu entre les classes impliquent une dispersion sociale. Il faudrait redéfinir les processus par lesquels les sociétés « se reproduisent et continuent d’exister ».
Tu ne trembles plus quand on te parle de nature en philosophie ? Parfait ! Il ne te reste plus qu’à prendre des notes pour mémoriser les points clés de cette leçon et cartonner à ton contrôle. Si tu es encore fébrile en parlant de l’avis de tes auteurs favoris, prends des cours de philosophie avec un Sherpa ! 🚀
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Le troisième présupposé , à travers le concept de dénaturation, consiste à sous-entendre une supériorité présumée d’une nature humaine , l’homme considéré dans son essence, sur une définition de l’homme en constante évolution du fait que l’homme est un être historique, ancré dans le temps et l’espace.
A partir de ces présupposés, il s’agit de s’interroger sur le rôle et la fonction de la culture comme processus et pas seulement comme contenu de discours et de productions intellectuelles, symboliques et artistiques dans une éventuelle définition de l’homme comme membre d’une espèce ( et bien évidemment pas comme individu sexué par opposition à la femme).
Ecueils à éviter :
Identifier le sujet à une opposition nature-culture pour montrer comment les deux notions de « nature » et « culture » seraient par définition antagonistes ( mais à partir de quelles définition). Confondre la culture comme processus d’acquisition de règles, de symboles (linguistiques et religieux), de formes artistiques et les cultures comme réalisations spécifiques dans un temps et un espace donnés de ce processus . Lire le sujet comme s’il s’agissait de montrer au contraire la supériorité de la culture sur une définition a priori de la nature réduite à tort à un état primitif. Confondre culture et civilisation et nature et concept rousseauiste « d’état de nature » qui n’est pas une donnée historique mais une fiction méthodologique, une hypothèse pour comprendre comment se fait l’entrée de l’homme dans la culture.
Enjeux du sujet :
Il est demandé une réflexion sur ce que vaudrait une définition de la nature de l’homme par rapport au processus de formation ou d’acquisition d’une culture. Reformulation possible du sujet : le processus de formation, d’acquisition de connaissances, d’adaptation à un environnement social, symbolique, artistique est-il facteur de déperdition de ce qui définit l’homme ? L’entrée dans la culture se paie-t-elle d’une perte des caractéristiques de l’être humain ou révèle-t-il au contraire pleinement son humanité ? La nature de l’homme ne consiste-t-elle pas à ne pas en avoir , à ne pas être assignée à une définition présupposée ?
Proposition de plan :
Les actes de barbarie qu’a connus le XXè siècle à travers les totalitarismes et les génocides nazis et communistes peuvent à bon droit nous faire douter des bienfaits de la culture ou de la civilisation. Comment expliquer que ces atrocités qui remettent en cause l’idée même d’humanité , au point qu’elles sont l’objet de qualifications pénales imprescriptibles, les « crimes contre l’humanité », aient été commises par des nations , allemande et russe, qui pouvaient se prévaloir d’une longue et riche « culture » ? La culture dénature-t-elle l’homme en lui ôtant ce qui le caractérise, en le faisant entrer dans la barbarie et l’inhumanité ? Mais qu’entend-on par « la culture » ? est-elle identiques aux cultures comme réalisations spécifiques du processus d’apprentissage de règles, de mœurs, de langues et de savoirs qu’on peut appeler la culture ? Peut-on proposer une définition préalable de la « nature » de l’homme que la démarche d’acculturation viendrait ruiner ou faire disparaître ?
Si la culture dénature l’homme, c’est qu’il est possible de produire une définition satisfaisante de ce qui fait l’humanité de l’homme (I). Or, la nature de l’homme comme être historique et perfectible signifie que la définition présumée d’une nature humaine antérieure à la culture et en principe différente n’est pas soutenable. Loin de dénaturer l’homme, la culture le révèle à sa véritable nature qui est de ne pas être réductible à une définition objective mais d’être un être libre, contingent, capable aussi bien de se perfectionner que de produire les conditions de sa destruction. (II)
I. Est-il possible de produire une définition satisfaisante de l’homme que la culture viendrait faire disparaître ?
A. La recherche de caractéristiques essentielles de l’homme :
a) la tentative des philosophies médiévales scolastiques :
Les philosophes du Moyen-Age héritiers d’Aristote ont tenté de produire une définition de la « nature humaine » qui possède les caractéristiques d’une définition : recherche de critères objectifs, de qualités irréductibles à l’objet à définir, de marques substantielles nécessaires, prévisibles et universelles. Voir la querelle au Moyen-Age des « universaux » pour qui l’homme peut être appréhendé par des catégories universelles , générales indépendantes «des hommes » qui n’en sont que des exemplaires . La nature de l’homme est ainsi d’être un animal raisonnable
b) les limites d’une définition de la « nature humaine » :
Abélard, philosophe « nominaliste » au XIIè siècle montre qu’il n’ya que des individus, des « hommes » qui possèdent la forme de l’humanité. De même, Descartes dans la deuxième des Méditations métaphysiques rejette la définition de l’homme comme « animal raisonnable » « car il faudrait après rechercher ce que c’est qu’animal, ce que c’est que raisonnable, et ainsi d’une seule question nous tomberions en une infinité d’autres plus difficiles et embarrassées »
B. La définition présumée de l’homme suppose que la dénaturation par la culture soit artificialisation : l’homme cultivé serait une homme « artificiel » :
a) la tentation de confondre définition de l’homme et définition d’un objet :
Définir la nature de l’homme autrement dit son essence suppose qu’on puisse donner de l’homme une définition immuable, qui en saisisse les caractéristiques, la substance, comme on définit un objet mathématique ( un triangle comme une figure géométrique à trois côtés).
b) tentation de confondre nature de l’homme et homme à l’état de nature :
Si la culture dénature l’homme, c’est qu’il y aurait un processus par lequel l’homme « sortirait » d’un état, l’état de nature pour « entrer » dans l’état cultive. Un tel état est-il historique ? l’homme naturel serait-il un homme primitif, préhistorique ? Rousseau, dans le Discours sur l’origine et les fondement de l’inégalité parmi les hommes, construit une hypothèse de travail, une supposition pour comprendre comment se construit la culture en lien avec la fondation d’une société et ne donne aucune référence historique à « l’état de nature » dans lequel serait l’homme « avant » la culture.
II. Loin de dénaturer l’homme, la culture le révèle à sa véritable nature d’être contingent et historique :
A. La culture est possible comme processus de formation de l’homme du fait qu’il est perfectible :
a) la perfectibilité, condition de la réalisation continue de la nature de l’homme :
Rousseau, dans le Discours sur l’origine…, distingue l’homme de l’animal à travers le concept de perfectibilité, « faculté qui, à l’aide des circonstances, développe successivement toutes les autres, et réside parmi nous tant dans l’espèce que dans l’individu, au lieu qu’un animal est, au bout de quelque mois, ce qu’il sera toute sa vie. » b) la nature de l’homme est d’être inscrit dans le temps et la culture est bien ce développement de sa nature dans le temps et l’espace :
La raison se perfectionne comme les passions au contact du monde et des autres et le processus d’humanisation et de formation ( au sens allemand de Bildung ) suppose un être temporel et historique Cf. Kant, Réflexions sur l’éducation
B. La véritable nature de l’homme est de ne pas en avoir, d’être par la culture l’auteur de ce qu’il est comme de ce qu’il refuse à être :
a ) l’ambivalence de la culture :
L’humanisation est possible par la nature de l’homme d’être contingent et non nécessaire ( comme une idéalité mathématique dont on conçoit une définition) Le processus de formation ou de culture concerne l’individu inscrit dans une histoire et la tragédie de l’histoire vient de ce qu’il est possible de produire de l’humainité comme de l’inhumanité.
c)la chute dans la barbarie comme dénaturation de l’humanité, au sens d’une perte de la valeur de l’homme appelé à se cultiver et à construire une culture :
cf. les réflexions d’H.Arendt sur Les origines du totalitarisme et Levi-Strauss dans Race et histoire : c’est l’hégémonie d’une culture sur une autre et le présupposé d’une « nature » humaine identifiée à la race qui dénature l’homme par nature être perfectible mais aussi capable de défigurer et de se défigurer dans la « banalité du mal » ( Arendt)
Conclusion :
Se demander si la culture dénature l’homme, c’est donc interroger la possibilité et les risques d’une définition stable et identique de l’homme par rapport à laquelle le risque d’exclusion ou d’extermination d’un « non-homme » est possible . La dignité comme le tragique de l’humanité de l’homme viennent de ce qu’il est toujours appelé à respecter la dignité et l’humanité en lui et en l’autre comme il est capable de les nier.
Proposition de plan : « Les faits sont têtus » disait Lénine, entendant par là que les décisions ou actions humaines devaient prendre en compte des réalités naturelles et historiques sans espérer pouvoir les modifier ou les remettre en cause. Est-ce à dire que les faits nous donnent toujours tort ou « peut-on avoir raison contre les faits » ? Il faut d’abord s’entendre sur ce que l’on entend par « faits » car l’expression est trop large pour être satisfaisante : s’agit-il des faits bruts , des données naturelles ou matérielles, des faits empiriques, des faits expérimentaux ou scientifiques ou encore des faits historiques ? D’autre part, « avoir raison » signifie-t-il croire détenir une vérité conçue comme opinion vraie ou construire un jugement vrai par la raison ou l’entendement ? Nous verrons donc à quelles conditions les faits, dans leur apparente réalité immédiate, dans leur empirisme, paraissent s’imposer à la raison (I) pour mieux distinguer de quels types de faits il s’agit et montrer que ces faits bruts ne peuvent produire par eux-mêmes de vérité et que les faits qui permettent d’avoir raison contre « les faits » immédiats sont les faits scientifiques qui sont la base d’un jugement vrai (II).
I. Les faits dans leur apparente réalité immédiate paraissent s’imposer à la raison contrainte de les reconnaître : A. Les faits comme données empiriques possèdent une évidence immédiate : a) « c’est un fait » c’est-à-dire cela s’impose comme donnée brute indiscutable : Le sens commun attribue au fait une évidence telle qu’elle ne peut être remise en cause, parce qu’elle renvoie à ce qui est immédiatement perçu sans être abstrait ou élaboré intellectuellement. Le fait se constate comme tel, tautologiquement, sans que l’opinion s’interroge sur sa vérité ni sa nature ( est-ce synonyme d’un phénomène naturel, d’une donnée d’ l’expérience commune, d’une perception , d’une sensation partagée ?….)
b) les faits comme réalité perçue et vécue semblent au point de départ du travail de connaissance : Toute connaissance part de l’expérience affirme Hume dans l’Enquête sur l’entendement humain et rien donc ne peut la remettre en cause. Sans les faits, pas de vérité scientifique possible car ils sont des données de l’expérience par laquelle je saisis le monde. Je ne peux donc avoir raison contre les faits car ce sont les faits empiriques qui sont à la base de la connaissance vraie.
B. « les faits me donnent raison » ou comment les faits sont la preuve de « ma vérité » : a) les faits d’expérience qui entendent valoir comme preuves : Le rapport au vrai se confond avec la saisie immédiate du réel par la perception. Cf . le philosophe anglais Berkeley pour qui « être, c’est être perçu ». Parce que les idées seraient subjectives et élaborées différemment selon chacun, là où les faits seraient immédiatement perceptibles, les faits seraient en eux-mêmes critères de vérité. Les faits ne pourraient avoir tort.
b) avoir raison à partir des faits et grâce aux faits suppose une vérité subjective possible produite à partir de faits non interrogés : Ce sont des faits indiscutables qui me donnent raison : est-ce pour autant possible qu’une vérité soit personnelle et impossible à prouver ou à remettre en cause ? Si les faits renvoient à la perception de données brutes, la raison n’a-t-elle aucun rôle dans la recherche de la vérité ?
II. La distinction entre faits empiriques immédiats et faits scientifiques est nécessaire pour comprendre comment avoir raison contre les premiers ( faits empiriques) grâce aux seconds (faits scientifiques) : A. Les conditions de construction d’un fait scientifique :
a) l’opinion ne « pense pas », elle est un « obstacle à la connaissance » des faits scientifiques qui sont construits par la raison : Les faits scientifiques s’opposent aux faits empiriques, d’expérience car ils sont le fruit d’un questionnement sur les faits immédiatement perçus. Les faits bruts sont trompeurs, me donnent tort en me faisant commettre des erreurs car je confonds ce que je perçois avec ce qui est, ce qui me semble vrai avec ce qui est vrai, ce que je crois par opinion avec ce que je juge par raison.
b) en science, « rien n’est donné, tout est construit » ( Bachelard) Dans La formation de l’esprit scientifique, Gaston Bachelard montre qu’avoir raison , c’est produire un jugement en renversant l’opinion, c’est-à-dire construire par l’entendement des faits qui viennent expliquer et étayer une hypothèse scientifique. On ne peut avoir raison en suivant des faits non interrogés ni construits car avoir raison, c’est construire un jugement sur des faits vérifiables et vérifiés.
B. Avoir raison contre les faits, c’est donc bien construire un jugement vrai en remettant en cause les faits bruts au profit de la construction de faits expérimentaux ou scientifiques qui valident une hypothèse :
a) la construction de la connaissance vraie par la démarche expérimentale : renverser les faits bruts pour élaborer des faits scientifiques facteurs de vérité : la démarche scientifique qui permet « d’avoir raison » c’ est-à-dire d’être dans le vrai suppose une démarche en trois étapes : le fait polémique ou fait-problème qui amène à s’interroger sur la non-coincidence entre ce qui est observé et ce que la théorie jusque là admise acceptait comme vrai, l’élaboration rationnelle d’une hypothèse explicative et la validation ou invalidation de cette hypothèse par la fabrication d’un fait expérimental.
b) les faits donnent raison à une hypothèse d’intelligibilité à l’issue d’une méthode ou démarche scientifique. Avoir raison contre les faits revient donc à donner tort aux faits d’expérience immédiate, d’opinion, remis en cause par le questionnement de la démarche scientifique.
Conclusion : Il est possible en droit d’avoir raison contre les faits et c’est même ce qui caractérise la démarche scientifique si l’on comprend que les faits sur lequel repose un jugement vrai sont des faits construits rationnellement, par une méthode de vérification d’hypothèses préalables. Mieux vaut donc avoir raison contre les faits empiriques, donnés, immédiats que tort en se fiant à ces faits non-questionnés et donc trompeurs.
l.9-11 : généralisation de l’analyse à toutes les conditions sociales : les rapports intéressés entre les hommes sont supérieurs aux relations authentiques et sincères .
l.11-16 : ce n’est pas seulement les rapports de pouvoir qui instaurent l’hypocrisie mais l’ensemble de la vie humaine , de la vie sociale et affective ( relations amicales) qui est fondée sur la tromperie car en dernier lieu, l’égoïsme l’emporte .
l.17-20 : l’analyse de la tromperie dans les relations humaine renvoie à une détermination anthropologique : la nature de l’homme ( après le péché originel) est fondée sur l’injustice, le mensonge à soi-même et aux autres car l’intérêt l’emporte sur toute recherche du vrai.
Quelques questions à mettre en valeur dans le texte : Comment comprendre que l’amour-propre et l’intérêt gouvernent les relations humaines ? n’y a-t-il pas de place pour des sentiments moraux fondés sur la reconnaissance d’autrui dans sa dignité ? ( commenter dans la première partie la logique de l’intérêt individuel ( « utile », « désavantageux », « les princes aiment mieux… », « avantage »….)
Peut-on se faire aimer des autres sur un malentendu ( en fait, nous les haïssons) et une société est-elle constituée dans la durée sur l’hypocrisie sans risque de conflit ?
En quoi l’analyse de Pascal s’explique-t-elle par son approche chrétienne de l’homme « misérable » tant qu’il n’a pas été racheté et sauvé par la foi ? Peut-il y avoir un refus délibéré de dire et de reconnaître la vérité ?
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La culture est un terme qui présente des sens multiples, tous dérivés du sens premier de « culture de la terre ». La culture est le propre de l'homme : elle fait partie de son évolution et de sa définition. Il faut également s'interroger sur les cultures au pluriel, car il en existe une grande diversité.
La différence entre nature et culture chez l'homme.
La culture peut d'abord se comprendre comme ce qui s'oppose à la nature. Il y aurait dans l'homme :
Le mot « culture » vient du verbe latin cultura , qui se traduit par « cultiver » ou « habiter » . Il désigne avant tout l'action de cultiver la terre . Par la suite, le terme a pris un sens plus large : il désigne l'ensemble des activités humaines qui s'écartent des simples déterminismes naturels et qui sont issues de la réflexion. La culture est donc ce qui s'oppose à la nature : c'est ce qui est acquis.
La nature, c'est tout ce qui est en nous par hérédité biologique ; la culture, c'est au contraire tout ce que nous tenons de la tradition externe.
Claude Lévi-Strauss cité par Georges Charbonnier
Entretien avec Lévi-Strauss , Paris, éd. UGE, coll. « 10/18 »
Dans cette citation, Lévi-Strauss met en évidence les types d'héritages que reçoit l'homme. D'un côté l'héritage biologique, qui se fait indépendamment de l'homme, de l'autre, l'héritage culturel, qui suppose une activité d'apprentissage.
Il y a donc une distinction entre les lois de la nature et les règles sociales et culturelles : les premières ne sont pas apprises, tandis que les secondes sont liées à la pratique et à l'obéissance aux règles.
La culture serait alors ce qui distingue l'homme des autres êtres vivants.
En effet, alors que le comportement des animaux serait entièrement régi par l'instinct, l'homme est bien plus déterminé par son intellect et la culture qui en découle. Le cas du langage illustre bien cette différence. Certes, les animaux possèdent une forme de langage instinctif, mais celui-ci se distingue radicalement du langage humain par son caractère limité et déterminé.
L'abeille butineuse peut indiquer à ses congénères, par un ensemble de mouvements déterminés, la distance et la direction de ses trouvailles. Mais il lui est impossible de créer une nouvelle signification, ni de répondre autrement à ce signal qu'en se dirigeant vers ces trouvailles. Cette communication relève donc de l'instinct.
À l'inverse, les hommes peuvent inventer des phrases qui n'ont jamais été prononcées et réagir de la manière qu'ils veulent aux propos de leur interlocuteur. Cette communication relève donc de l'intelligence.
L'instinct renvoie à une impulsion innée, automatique et invariable qui régit le comportement de tous les individus d'une même espèce.
Les abeilles ne peuvent construire d'autres formes d'habitat que des ruches. Certes, ces constructions sont parfaites, mais elles ne changent jamais.
Comprendre en quoi l'homme est un être de culture passe par la mise en évidence de ce qui le fait sortir de la nature, de l'état d'animalité.
Contrairement à l'animal qui ne fait qu'habiter le monde, l'homme rend le monde habitable en le transformant , par la technique et le travail, mais aussi par la religion, le langage, l'art et l'histoire. L'homme charge ainsi les choses d'une portée symbolique.
C'est cette idée que la culture est indissociable de la nécessité pour l'homme de rendre le monde habitable que souligne Hannah Arendt dans La Crise de la culture .
Le mot « culture » dérive de colere - cultiver, demeurer, prendre soin, entretenir, préserver - et renvoie principalement au commerce de l'homme avec la nature, au sens de culture et d'entretien de la nature en vue de la rendre propre à l'habitation humaine.
Hannah Arendt
La Crise de la culture , ( Between Past and Future ), trad. Patrick Lévy, Paris, éd. Gallimard, coll. « Folio » (1972)
Dans cette citation, Arendt met en évidence le fait que l'homme, contrairement aux animaux, entreprend un travail de transformation de la nature en vue de la rendre propre à l'habitation humaine.
Aussi pouvons-nous dire que l'homme sort de la nature dans la mesure où, au lieu de simplement habiter dans le monde, il le transforme pour le rendre habitable. La culture correspond donc à ce qui le fait sortir de l'animalité.
A priori, il semble possible de distinguer ce qui relève de la nature ou de la culture en l'homme.
En effet, il y aurait d'un côté notre héritage biologique, ainsi que les exigences propres à la nature d'être vivant de l'homme, et d'un autre côté les manifestations de son intelligence, telles que le langage, la technique, l'art ou bien encore la religion. Pourtant, ce partage n'est peut-être pas si évident.
De fait, lorsque l'on tente de penser cette distinction entre nature et culture, on se place dans une perspective historique et l'on peut se demander par quel moyen l'homme s'est arraché du règne animal pour devenir un être culturel.
Or, lorsque l'on tente de rendre compte précisément de ce qui relève de l'une ou de l'autre de ces deux catégories, on se rend rapidement compte que la frontière est très floue.
Si l'enfant a peur du noir, est-ce dû aux instincts propres à sa nature animale, ou bien est-ce le résultat des histoires que lui racontait sa nourrice ? De la même façon, il semble naturel d'avoir faim à midi, alors qu'il s'agit en vérité d'une habitude sociale.
Maurice Merleau-Ponty met en évidence cette intrication indémêlable du naturel et du culturel en l'homme : l'homme est un mélange de nature et de culture .
Il n'est pas plus naturel ou pas moins conventionnel de crier dans la colère ou d'embrasser dans l'amour que d'appeler « table » une table. Les sentiments et les conduites passionnelles sont inventés comme les mots. Même ceux qui, comme la paternité, paraissent inscrits dans le corps humain sont en réalité des institutions. Il est impossible de superposer chez l'homme une première couche de comportements que l'on appellerait « naturels » et un monde culturel ou spirituel fabriqué. Tout est fabriqué et tout est naturel chez l'homme, comme on voudra dire, en ce sens qu'il n'est pas un mot, pas une conduite qui ne doive quelque chose à l'être simplement biologique, et qui en même temps ne se dérobe à la simplicité de la vie animale, ne détourne de leur sens les conduites vitales, par une sorte d'échappement et par un génie de l'équivoque qui pourraient servir à définir l'homme.
Maurice Merleau-Ponty
Phénoménologie de la perception , Paris, éd. Gallimard, coll. « Tel » (2005)
Pour Merleau-Ponty, les sentiments comme les comportements qui paraissent les plus naturels ont en réalité le même niveau d'artificialité que les mots du langage choisis arbitrairement pour désigner des objets. Il n'y a donc pas de sens à séparer ce qui, en l'homme, relèverait de l'une ou de l'autre de ces catégories.
Il faut donc dire que rien en nous n'est tout à fait naturel ou tout à fait culturel. Toutes nos réactions naturelles sont médiatisées par nos acquis culturels, tout comme nos acquis culturels sont médiatisés par nos données biologiques. L'homme est un être mélangé, un mixte de nature et de culture.
La notion de culture savante.
Une autre définition de la culture que l'on peut étudier est la culture savante.
En effet, lorsque l'on dit d'une personne qu'elle est cultivée (ou bien à l'inverse qu'elle est inculte), on renvoie implicitement à un type de culture particulier : la culture savante.
Parler de culture savante, c'est renvoyer à un ensemble de références scientifiques, artistiques et littéraires qui sont reconnues comme constituant la culture. Il faut donc comprendre l'idée de culture savante en tant qu'elle s'oppose à la culture populaire.
Par exemple, aller écouter un opéra de Mozart au théâtre relève de la culture savante tandis qu'écouter une chanson de variété à la radio relève de la culture populaire.
Cette distinction entre culture savante et culture populaire véhicule l'idée qu'il y aurait une forme de culture légitime : la « culture cultivée », celle légitimée par des institutions.
Le sociologue Pierre Bourdieu s'est intéressé à cette distinction. Il montre que la culture et les styles de vie fonctionnent comme des moyens de produire des différences et des hiérarchies sociales . La culture légitime apparaît comme le produit d'une domination . La classe dominante maintient sa position dominante par une stratégie de distinction : en définissant et en imposant pour le reste de la société la norme du « bon goût », en imposant sa culture comme culture légitime pour toute la société, elle se pose en classe supérieure. La possession de ce capital culturel lui permet de se distinguer.
Bourdieu insiste sur le fait qu'il ne s'agit pas d'une recherche explicite de distinction : les jugements portés sur le beau et le laid sont le résultat de ce qu'il nomme habitus , c'est-à-dire de manières de penser et d'agir intériorisées à travers l'éducation et le milieu familial.
L'enjeu, pour Bourdieu, est de montrer que dans les sociétés contemporaines, les inégalités culturelles jouent un rôle au moins aussi important que les inégalités socio-économiques . Ainsi, en dépit d'une réussite sociale et économique, un individu ne possédant pas les codes de la culture légitime demeurera culturellement inférieur. On oppose ainsi à la figure du nouveau riche celle de l'aristocrate qui, bien que ruiné, maîtrise à la perfection les règles du bon goût.
En ce sens, la « culture » peut être utilisée comme un instrument de domination et de légitimation de cette domination . Les dénominations utilisées pour désigner ceux qui n'ont pas cette culture sont péjoratives : incultes, profanes, etc.
La raison et la technique.
L'homme possède deux qualités spécifiques qui le distinguent des animaux et lui permettent de se cultiver : la raison et la technique.
On oppose souvent à cette idée que les animaux possèdent eux aussi la technique : les castors construisent des barrages à la perfection, et les ruches des abeilles présentent une technique que l'homme peine à reproduire. Pourtant, il est difficile de parler de culture dans ce cas-là dans la mesure où, lorsque les animaux réalisent de telles prouesses techniques, ils ne font que réaliser ce qu'exige d'eux leur instinct. Malgré ce dont ils sont capables, les animaux ne peuvent pas innover : les abeilles continuent de construire les mêmes ruches, les castors de construire le même type de barrages.
L'homme, grâce à la raison, est capable d'inventer de nouveaux objets techniques : la raison en l'homme correspondrait à l'instinct chez l'animal. C'est d'ailleurs cette différence que met en évidence le mythe de Prométhée tel que le rapporte Platon dans Protagoras .
Ce mythe décrit la façon dont les dieux, au moment de la création des races mortelles, confient à deux frères la tâche de répartir les qualités entre les espèces. L'un des frères, Épiméthée, distribue ainsi entre les animaux diverses qualités : la force, la rapidité, la possession de griffes, d'ailes, etc. Mais, au cours de ce partage, il oublie l'homme, qui reste le singe nu, c'est-à-dire un être sans qualité. L'espèce humaine ne possède donc pas l'équipement naturel nécessaire pour assurer sa propre survie. C'est afin de réparer cette erreur que son frère, Prométhée, intervient : comme toutes les qualités ont été distribuées, il dérobe aux dieux le feu qui est le symbole de l'intelligence technicienne. L'espèce humaine obtient alors les moyens d'assurer sa survie, au même titre que les autres animaux. Toutefois, dans la mesure où l'intelligence provient directement des dieux, l'espèce humaine obtient en même temps quelque chose de plus que les animaux : la technique est synonyme d'invention, et c'est par elle que vont apparaître la religion, le langage, ou bien encore l'agriculture.
Ainsi, la culture est avant tout une réponse à un manque : l'homme est une espèce démunie face aux autres animaux. En effet, il ne possède ni outil ni instinct, c'est-à-dire un savoir-faire technique inné. C'est donc pour pallier ce manque qu'il reçoit une part du divin, l'intelligence technique, laquelle est susceptible de progrès indéfinis.
De plus, contrairement aux animaux, l'homme dispose de la capacité de faire usage de sa raison et de développer de nouvelles techniques. C'est ce que l'on appelle la perfectibilité.
Il est alors possible d'affirmer que la particularité de l'homme est de n'avoir aucune nature prédéfinie. De ce point de vue, l'homme est un être changeant , ayant la capacité de se développer d'une infinité de manières différentes. C'est ce que souligne Jean-Jacques Rousseau dans la première partie du Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes.
La perfectibilité, c'est la faculté de se perfectionner, faculté qui, à l'aide des circonstances, développe successivement toutes les autres, et réside parmi nous tant dans l'espèce que dans l'individu ; au lieu qu'un animal est au bout de quelques mois ce qu'il sera toute sa vie, et son espèce au bout de mille ans ce qu'elle était la première année de ces mille ans.
Jean-Jacques Rousseau
Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes , Paris, éd. GF Flammarion (2016)
C'est bien la perfectibilité qui rend l'homme susceptible de progrès et d'innovation, alors que l'animal, déterminé par l'instinct propre à son espèce, ne peut que reproduire ce qui est propre à sa nature.
Si la nature de l'homme est de n'avoir pas de nature définie, il possède néanmoins la faculté de se perfectionner.
L'éducation et la transmission.
La culture se transmet et s'apprend.
En effet, le patrimoine culturel n'est pas de nature biologique, il ne se transmet pas par les gènes. Bien au contraire, comme le souligne Edgar Morin, la transmission de la culture relève d'une volonté de transmission et d'une appropriation active.
La culture est un patrimoine informationnel constitué des savoirs, savoir-faire, règles, normes propres à une société […]. La culture s'apprend, se réapprend, se retransmet, se reproduit de génération en génération. Elle n'est pas inscrite dans les gènes, mais au contraire dans l'esprit-cerveau des êtres humains.
Edgar Morin
Le Paradigme perdu : la nature humaine , Paris, éd. Seuil
La culture ne passe pas par les gènes mais nécessite une transmission volontaire et une appropriation active : c'est notamment le but de la lecture de livres, mais aussi de la création des écoles ou des musées.
Mais la culture ne doit pas seulement s'entendre au sens de l'héritage culturel : se cultiver, c'est aussi se transformer soi-même, développer au mieux ses facultés.
Se cultiver, c'est donc prendre soin de ce que l'on possède déjà : son corps et son esprit. En ce sens, la culture correspond à l'amélioration de ce qui est donné .
La culture de ses forces naturelles (forces de l'esprit, de l'âme et du corps), comme moyens en vue de toutes sortes de fins possibles, est un devoir de l'homme envers lui-même. L'être humain se doit à lui-même (comme être rationnel) de ne pas laisser inutilisées et, pour ainsi dire, de ne pas laisser se rouiller les dispositions et facultés naturelles dont sa raison peut un jour faire usage.
Emmanuel Kant
Métaphysique des mœurs , ( Die Metaphysik der Sitten ), trad. Alain Renaut, Paris, Flammarion (1994)
L'homme, en tant qu'être rationnel capable de se cultiver, se doit d'améliorer ses capacités (celles du corps et celles de l'esprit) s'il veut devenir pleinement humain.
Cette culture de soi ne se fait pas naturellement ou instinctivement : c'est par un effort sur lui-même et un dépassement de ses instincts que l'homme s'améliore. On peut parler de devoir envers lui-même, l'être humain devient un peu meilleur à chaque évolution.
La définition d'une culture par opposition à une autre.
Historiquement, la notion de culture s'est développée par opposition à son autre : le sauvage, le barbare. Ainsi, dans l'Antiquité, les Grecs appelaient « barbares » tous ceux qui ne participaient pas à la culture gréco-romaine. Étymologiquement, le mot « barbare » englobait toutes les personnes qui parlaient « en charabia » : leur langage, inarticulé en apparence, n'était pas reconnu comme tel, semblant apparenté aux cris émis par les animaux. Plus généralement, parler d'acte barbare ou de mœurs et de traditions barbares revient à refuser le statut de culture, et donc le statut humain, à un groupe d'hommes.
L'usage de la notion de sauvage fonctionne de la même manière : on qualifie de « sauvages » les populations dont les modes de vie semblent proches de ceux des animaux, en particulier au moment de la conquête du continent américain. À nouveau, parler de « sauvages » équivaut à refuser le statut d'être de culture, donc un statut proprement humain, à certains hommes. Montaigne dénonce l'usage de la notion de barbarie dans ses Essais.
On appelle « sauvage » celui dont on considère qu'il n'a aucune culture, et « barbare » celui dont on considère la culture comme étrangère à la nôtre.
Chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage.
Michel de Montaigne
Essais , Bordeaux, éd. Simon Millanges
Montaigne met en évidence le fait que la notion de barbarie ne sert qu'à qualifier des pratiques qui nous sont étrangères.
C'est cette distinction entre peuples civilisés d'un côté et peuples sauvages de l'autre que recouvre la culture comprise comme civilisation : certes, tous les peuples attestent d'une forme de culture (c'est-à-dire de modes de vie particuliers et d'expressions de leur histoire), mais tous les peuples n'ont pas atteint le même degré de civilisation.
Il importe d'être conscient du fait que l'usage même de la notion de culture peut servir à dévaloriser des modes de vie qui s'opposent à ceux de la culture à laquelle on appartient. C'est pour cette raison que la comparaison des cultures est un exercice extrêmement délicat.
En effet, le fait de comparer suppose que l'on prenne un étalon à partir duquel on effectue la comparaison. Ainsi, un modèle de culture est toujours choisi, et on évalue les autres cultures en fonction de ce modèle. De là naît le risque d'ériger en normes des pratiques particulières à partir desquelles évaluer les autres cultures. Autrement dit, comparer les cultures peut se réduire à universaliser des habitudes acquises par une culture particulière au détriment des autres.
C'est cette difficulté majeure que l'ethnologue Claude Lévi-Strauss a mise en lumière, à travers le concept d'ethnocentrisme . En effet, l'ethnocentrisme est la « tendance, plus ou moins consciente, à privilégier les valeurs et les formes culturelles du groupe ethnique auquel on appartient ».
C'est ainsi que l'Occident a généralement pris son modèle d'évolution historique de la culture pour évaluer les autres cultures du monde. Lévi-Strauss souligne que ce que l'on évalue alors n'est pas une évolution, mais simplement un changement par rapport à sa propre culture. Autrement dit, ce qui apparaîtra comme un changement à un individu donné pourra apparaître comme une stagnation à un autre, car chacun voit le changement en fonction des critères propres à la culture à laquelle il appartient.
L'ethnocentrisme est la tendance, pour une culture donnée, à considérer ses normes et ses pratiques comme la mesure et le modèle pour comprendre toutes les autres cultures. Cette tendance amène à rejeter les autres formes de cultures, ou à les considérer comme inférieures à la sienne.
Cette difficulté de comparer les cultures, et plus largement d'utiliser, pour étudier des cultures, des modes de pensée qui lui sont étrangers, a des effets sur l'appréhension des cultures.
En effet, en réaction à l'ethnocentrisme s'est formé ce que l'on nomme le relativisme culturel .
Le relativisme culturel est une thèse qui soutient que les croyances et les activités mentales d'un individu dépendent de la culture à laquelle il appartient : il importe de reconnaître la diversité des cultures ainsi que leur égale dignité. Cette reconnaissance s'accompagne d'une tolérance à l'égard des autres cultures. Elle pose comme principe qu'il est impossible de juger moralement les actes d'un individu d'un point de vue extérieur.
La pratique de la polygamie n'est pas une marque de sauvagerie mais fait partie intégrante du mode de fonctionnement d'une société donnée.
Le relativisme culturel énonce que les normes et les règles morales changent d'une culture à l'autre. Il n'existe donc pas de modèle culturel universel : les normes ne sont pas absolues, elles sont le résultat de coutumes et de pratiques sociales. Aussi ces règles ne peuvent être comprises qu'à l'intérieur de l'aire culturelle où elles ont émergé.
Néanmoins, le relativisme culturel met l'ethnologue dans une position difficile : en tant que scientifique, le regard qu'il porte sur les sociétés étudiées doit être objectif. Mais en même temps, cette attitude risque de l'amener à accepter des comportements qu'il condamnerait par ailleurs, comme la cruauté. La solution pourrait consister à suspendre tout jugement moral dans le cadre de l'étude des populations, et à refuser de penser les cultures sur le mode du progrès ou de l'évolution, tout en maintenant l'exigence du respect de la dignité de l'être humain comme idéal.
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La dissertation de philosophie 2017, chapitre 6. la nature et la culture.
Pages 187 à 198
La culture fait partie des évidences dont nous avons besoin pour tracer notre route au sein de la société et dans le monde ; et nous comptons évidemment, parmi les traits de culture, les manières de penser qui sont tellement ancrées en nous par l’éducation et par des visions du monde ancestrales, que nous pouvons à peine en prendre conscience. Or la culture consiste d’abord en un processus de conquête de cet état d’esprit : avant de s’identifier à l’état normal de la société, la culture est un effort. L’être humain est d’abord un animal hominisé : loin de se contenter d’une adaptation à des circonstances données, il est emporté par un élan qui lui fait affronter l’inconnu et produire de nouvelles conditions de vie. La culture est un travail qui se prolonge au-delà des temps préhistoriques. La préoccupation de la culture consiste à se distinguer de la sauvagerie. Au regard de l’homme civilisé, le sauvage se définit comme l’homme qui n’a pas accédé à la culture. A vrai dire, aucun peuple connu n’est à proprement parler dépourvu de culture. On aime donc à désigner par ce mot de « sauvage » des hommes qui n’ont pas le même niveau de culture que soi, et qui semblent perpétuer des modes de vie ancestraux. Les civilisations se distinguent par leurs préférences, les modalités de leurs cultes, les formes de la civilité, mais elles se répartissent aussi au long d’une échelle de valeurs : elles sont plus ou moins avancées sur le chemin du progrès. Les philosophes peuvent débattre longtemps des avantages et des inconvénients de « l’état de nature », puisqu’il est fictif : c’est la représentation d’un état de l’humanité qui fait contraste avec la situation connue et présente de la société, un état duquel il était cependant nécessaire que les hommes s’extraient…
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COURS DE PHILOSOPHIE OLOMO P. STANISLAS Page 1 CHAPITRE 15 : NATURE ET CULTURE Problématique : doit-on définir l'homme par la nature ou par la culture Objectif pédagogique terminal : Au terme de ce chapitre, L'élève doit être capable de montrer que l'homme est par nature producteur de culture Durée : 08 heures
3) Tout ce qui est inné ou spontané dans une espèce. S'oppose alors à la culture (Cf. homme à l'état de la nature - Rousseau ) ou, dans le langage de la théologie, à la révélation et à la grâce. 4) Dans un sens plus particulier, désigne les caractères propres à un individu qui le distinguent d'un autre. nature en général.
I/ Définition de la culture et son rapport avec la nature. Nature : Vient du latin Nasci, qui veut dire croitre. C'est dans quoi l'homme nait et grâce à quoi il grandit. Culture : Vient du latin Colere, qui veut dire habiter, faire croitre, cultiver. La culture est l'ensemble des processus par lesquels l'homme transforme la nature.
La thèse de Pascal est la suivante : l'homme au sein de la société est inexorablement plongé dans un monde d'apparence et d'illusion motivé par la soif de se faire aimer et par la volonté de ...
nature et de la culture. Il propose une définition méthodologique des deux termes : la nature est caractérisée par l'universalité, la culture est caractérisée par la règle. L'homme est, en effet, le seul être qui s'impose des règles, qui exige la rè-. gle pour la règle.
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Du bon usage de la nature. Pour une philosophie de l'environnement, Aubier, 1997 ; rééd. en poche chez Flammarion, coll. "Champs essais", 2022. Penser et agir avec la nature. Une enquête philosophique, La Découverte, 2015, avec Raphaël Larrère. L'écoféminisme, La Découverte, coll. "Repères", 2023; Références sonores
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Revues et ouvrages en sciences humaines et sociales | Cairn.info
Avec Camille Riquier, philosophe, doyen de la faculté de philosophie à l'Institut catholique de Paris, auteur d' Archéologie de Bergson - temps et métaphysique (PUF, 2021). On lui doit également la passionnante préface de la réédition du Rire de Henri Bergson récemment parue aux PUF.