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Dissertation nature culture

Par Jorge Flor   •  9 Décembre 2018  •  Dissertation  •  3 822 Mots (16 Pages)  •  4 599 Vues

« La culture est-elle contre-nature ? »

INTRODUCTION

Nature et culture semblent dès l’abord antinomiques. En effet, la culture désigne tout ce qui procède du travail humain (les produits de la technique), et tous les dispositifs qui règlent les relations des hommes entre eux (la politique, le Droit, le langage…). La nature, au contraire, c’est ce qui se fait tout seul, qui est, selon Aristote, à l'origine de son propre mouvement, qui existe avant et sans l’intervention de l’homme, comme la plante qui semble pousser toute seule. Un immeuble, une œuvre d’art, un langage… il nous semble aller de soi de considérer de telles choses comme non naturelles. Elles ne précèdent pas l’homme mais supposent au contraire son existence. Mais faut-il considérer pour autant la culture comme contre-nature ? Les procédures nécessaires à la construction de l’immeuble ne sont-elles pas tributaires des lois physiques de la gravitation qui régissent l’univers entier, de l’inerte jusqu’au vivant ? Bref, l’homme n’est-il pas lui-même un vivant, produit de la nature ?

En effet, s’il est incontestable que l’homme est un être à part, isolé du reste de son environnement connu par les produits de son invention et par son intellect, cet écart suffit-il à considérer que lui, ainsi que ses productions, appartiennent à un monde radicalement différent ? Si l’intellect est universel, et que la culture dérive de ces facultés, comment expliquer la déroutante disparité que l’on observe entre les cultures ? Et n’est-ce pas toujours à partir d'une langue donnée et dans une interprétation donnée du monde que l'homme détermine ce qu'est pour lui la nature ? Autrement dit, la nature est-elle pensable en dehors de la culture ?  

On le voit, la distinction entre culture et nature déploie tout un champ de problèmes que nous nous proposons d’explorer en confrontant les théories de la philosophie classique aux récents résultats de l’anthropologie, de la neuroanatomie, de l’éthologie et de la physique quantique. Nous déploierons les thèses de la philosophie de la raison à travers l’opposition intellect/instinct en nous appuyant sur le mythe de Prométhée du Protagoras  de Platon. Puis nous examinerons les différents sens attribués  au mot « nature » et les différentes interprétations du monde que cette évolution signale dans la culture occidentale et dans les cultures non modernes. Enfin, nous tenterons de penser une continuité entre l’homme et la nature en prenant en compte le milieu de vie dans lequel toute culture s’enracine.

L’HOMME « MAITRE ET POSSESSEUR DE LA NATURE » ?

L’opposition de l’intelligence et de l’instinct

« Instinct et raison, marque de deux natures » écrit Pascal dans ses Pensées et il ajoute : «  Le bec du perroquet qu’il essuie, quoiqu’il soit net » indiquant par ces mots que si le perroquet avait assez d’esprit pour réfléchir, il est évident qu’il ne continuerait pas d’essuyer son bec alors qu’il est déjà propre. Pascal pointe par là la différence entre l’homme et l’animal, différence qu’on peut approfondir comme la distinction de l’intelligence et de l’instinct.

Si ces concepts sont contestables, ils ont néanmoins l’avantage de rendre intelligibles les conduites humaines et animales. L’intelligence désigne la faculté d’établir des rapports, de comprendre, de résoudre des problèmes, d’adapter des moyens à des fins. Partout où il y a intelligence, il y a difficulté à surmonter par des moyens exigeant l’intervention d’une faculté mentale  capable de concevoir une solution, de l’inventer, d’utiliser des détours pour parvenir à ses fins. L’intelligence s’oppose ainsi à l’automatisme, à l’habitude, à une manière de procéder à l’aveuglette, à l’instinct. Elle implique la mise en oeuvre d ‘opérations d’abstraction, d’imagination témoignant de l’activité d’un esprit.

La notion d’instinct désigne la manière d’agir des animaux ne procédant pas de la spontanéité d’un esprit, ne mettant pas en jeu des opérations proprement intellectuelles et inventives mais des gestes relativement stéréotypés, inconscients et automatiques. En ce sens l’instinct est un savoir-faire  spécifique, inné, immuable, aveugle, ordonné à la conservation de l’espèce ou de l’individu. Très rigide dans les espèces inférieures, l’instinct révèle une certaine plasticité dès qu’on s’élève dans l’échelle zoologique. Avec certaines espèces, par exemple les chimpanzés, on observe des conduites intelligentes mais il s’agit alors d’une intelligence concrète.  Son exercice est toujours ordonné à la   satisfaction des besoins, par exemple la construction des digues par le castor, des alvéoles de cire par les abeilles. Marx formule dans une analyse célèbre la distinction entre l’activité humaine   consciente et volontaire  et l’activité instinctive : « Une araignée accomplit des opérations qui ressemblent à celle du tisserand ; une abeille par la construction de ses cellules de cire confond plus d’un architecte. Mais ce qui distingue d’abord le plus mauvais architecte et l’abeille la plus habile, c’est que le premier a construit la cellule dans sa tête avant de la réaliser dans la cire ». Capital , 1867.

Le mythe de Prométhée dans Protagoras  de Platon.

La première partie du mythe de Prométhée révèle que l’homme est une espèce naturelle au même titre que les plantes et les animaux. Et pourtant l’espèce humaine se distingue des autres en ce qu’elle est victime de l’imprévoyance d’Epiméthée . Le répartiteur des dons la constitue négativement comme celle qui manque des attributs propres à assurer naturellement sa conservation. L’homme, dit le mythe, «est né nu, sans chaussures, sans couvertures, ni armes ». Il est un animal démuni, condamné à disparaître si l’on devait en rester là. De fait l’homme est dépourvu de l’équipement naturel permettant aux autres espèces de s’adapter à la nature. Il n’est pas doté d’un instinct ,  c’est-à-dire d’outils et de savoir-faire innés, caractéristique plaçant la condition animale sous le signe de la perfection et l’inscrivant dans la pure naturalité.

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La nature - dissertations de philosophie

  • L’idée d’un retour à la nature a-t-elle un sens ?
  • Ce qui est naturel a-t-il nécessairement une valeur ?
  • Comment les sciences humaines questionnent-elles la notion d'inhumain ?
  • Doit-on le respect au vivant ?
  • Faut-il, pour le connaître, faire du vivant un objet ?
  • Faut-il se méfier de l'idée de nature humaine ?
  • La mort se vit-elle comme un ordre ou un désordre ?
  • La nature fait-elle bien les choses ?
  • Les hommes sont-ils méchants par nature ?
  • L'homme est-il un animal dénaturé ?
  • L'homme moderne s'est-il trop éloigné de la nature ?
  • L'homme n'est-il qu'un être naturel ?
  • N'y a-t-il de violence que pour l'homme ?
  • Peut-on avoir peur de la nature ?
  • Peut-on dire que la nature est bonne ?

La culture : l'homme par essence, un animal pensant

Par Olivier

Rédigé le 30 January 2011

2 minutes de lecture

dissertation philosophique nature et culture

  • 01. I/ Définition de la culture et son rapport avec la nature
  • 02. II/ Problématique

L’homme est un être de NATURE et de CULTURE

L’homme est un ANIMAL qui PENSE

La culture, partie intégrante de l’homme va donner lieu à des activités culturelles : Le travail, L’art et la Technique, la religion.

Nature ET culture : L’homme est un être paradoxal, toujours dans la duplicité avec deux éléments inconciliables.

Chrys

I/ Définition de la culture et son rapport avec la nature

Nature : Vient du latin Nasci , qui veut dire croitre. C’est dans quoi l’homme nait et grâce à quoi il grandit.

Culture : Vient du latin Colere , qui veut dire habiter, faire croitre, cultiver.

La culture est l’ensemble des processus par lesquels l’homme transforme la nature. C’est l’ensemble des techniques , institutions , et traditions d’un groupe humain.

La nature est tout ce qui existe, c’est-à-dire, tout ce qui entoure l’homme et qui n’est pas de son œuvre. C’est aussi ce qu’une chose ou un être est fondamentalement.

C’est l’essence ou la nature humaine dans le cas de l’être humain. ( Condition humaine )

Nature  : Innée, Universelle, Hérédité biologique, programme génétique, compétence.

Culture  : Acquis, Relatif, héritage culturel, Education, Performance.

II/ Problématique

Quel est le rapport entre nature et culture ?

  • L’homme transforme en permanence sa nature pour devenir un être de culture.
  • L’homme est un être historique : Il se transforme au cours de l’histoire.
  • La culture devient la véritable nature de l’homme.
  • Au terme de nature humaine Sartre oppose le terme de condition humaine, issu de la philosophie existentialiste. (Réflexion sur l’existence)

Il propose trois principes de l’existentialisme :

  • Dieu est mort : Toutes les formes de fatalisme ou de providentialisme empêchent d’être libre.
  • L’homme est condamne à être libre : La liberté est un fardeau. Tous les hommes rêvent d’être libres mais peu y parviennent. Car beaucoup refusent d’être responsables de leurs actes.
  • Sartre : « L’existence précède l’essence. »

dissertation philosophique nature et culture

Sartre : « L’essentiel ce n’est pas ce que l’on a fait de moi, mais ce que je vais en faire »

Simone de Beauvoir : « Je ne nais pas femme, mais je le deviens »

Nietzsche : « Deviens ce que tu es »

  • S’affirme pour devenir ce que l’on a envie d’être.

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Professeur en lycée et classe prépa, je vous livre ici quelques conseils utiles à travers mes cours !

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Chloé Galouchko

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Bonsoir Chloé Svp la différence entre culture et la littérature

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  • Quelle place l’homme occupe-t-il dans la nature ?
  • Y-a-t-il des qualités essentielles et distinctives que l’on retrouve chez tous les membres de l’espèce humaine mais qui retrouvent que chez elle ?
  • Ou n’est-il qu’une espèce parmi les autres ?

Un homme privé de la parole, de sa mémoire est-il encore un homme ?

  • Le biologique suffit-il à définir l’humain ? Existe-t-il une nature humaine ?
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 QU'EST-CE QUE L'HOMME ?

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Quelle place  l’homme  occupe-t-il dans la nature ?

Y-a-t-il des  qualités essentielles et distinctives que l’on retrouve chez tous les membres de l’espèce humaine mais qui ne se retrouvent que chez elle ? 

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Comment  parvenir à  définir l’homme sans l’enfermer , le limiter ? Et d’ailleurs le peut-on ?

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L' HOMME EST-IL UNIQUE ?

Pascal, l'homme et le roseau....

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Mathématicien, inventeur... cocréateur avec Fermat du calcul des probabilités, théorie des nombres, travaux sur la pression atmosphérique et l’équilibre des liquides... A 19 ans, pour aider son père, il avait inventé la "Pascaline", la première calculatrice !  Auteur des Pensées, apologie de la religion chrétienne, inachevée et dont les fragments ont été publiés de façon posthume

Pascal, Pensées Fragments 348    L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature ; mais c’est un roseau pensant. Il ne faut pas que l’univers entier s’arme pour l’écraser : une vapeur, une goutte d’eau, suffit pour le tuer. Mais, quand l’univers l’écraserait, l’homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu’il sait qu’il meurt, et l’avantage que l’univers a sur lui, l’univers n’en sait rien.  
Toute notre dignité consiste donc en la pensée. C’est de là qu’il faut nous relever et non de l’espace et de la durée, que nous ne saurions remplir. Travaillons donc à bien penser : voilà le principe de la morale.
Ce n’est point de l’espace que je dois chercher ma dignité, mais c’est du règlement de ma pensée. Je n’aurai point d’avantage en possédant des terres. Par l’espace l’univers me comprend et m’engloutit comme un point, par la pensée je le comprends.

HOMME ET HISTORICITE :  l’écriture permet de conserver les connaissances…  On ne recommence pas a chaque fois au début . Cette historicité n ’ existe pas, semble – t – il, dans les a u tres espèces.

Albert Jacquard et l'Humanitude

Albert Jacquard,  L’Héritage de la liberté – De l’animalité à l’humanitude .  Ch.13. 

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Albert Jacquard

1925-2013 Biologiste, généticien et essayiste français.

(…) La vie de chacun participe à un grand dessein collectif, la construction de l’ humanitude . L’humanitude, c’est l’apport de tous les hommes, d’autrefois ou d’aujourd’hui, à chaque homme. Ce n’est pas là poser sur l’homme un regard mystique [1]  ; c’est tout au contraire accepter l’aboutissement d’une analyse aussi réaliste que possible de l’aventure qui a produit l’homme. Cette aventure a commencé il y a quelque dix ou quinze milliards d’années avec le Big Bang initial faisant apparaître l’ensemble des constituants de notre univers matériel.(…) Dans notre petit coin d’univers, sur la planète Terre, (…) l ’évolution du vivant peut être présentée comme une course à la complexité gagnée d’abord par les mammifères, puis parmi eux par les primates, enfin par Homo sapiens. Cette victoire résulte de la fabuleuse richesse de son système nerveux central : les quelque 10 10  ou 10 11  neurones  qui composent ce système sont liés entre eux par 10 15  connexions, les synapses, et les performances de l’ensemble dépendent de la structure des réseaux peu à peu mis en place par la spécification du fonctionnement de ces synapses .

[1] Ici à comprendre comme ce qui aurait un rapport avec la religion, Dieu.

(…)La complexité atteint un niveau tel que l’on peut définir chaque homme comme un être ayant reçu un don qui rend dérisoires tous les autres : la capacité de se faire des dons à lui-même. Grâce à cette richesse, l’interaction entre les hommes peut se développer. Chacun profite des informations ou des découvertes des autres ; les réseaux intérieurs qui se créent en lui sont complétés par les réseaux collectifs dont il fait partie. Un homme ne peut être défini seulement par les éléments qui le constituent, cellules ou organes, ni par les métabolismes dont ils sont le siège ; pour expliquer ses caractéristiques les plus essentielles, il faut tenir compte aussi des groupes sociaux, linguistiques, culturels dont il fait partie. Collectivement, les hommes ont utilisé le cadeau que la nature fait à chaque individu pour s’attribuer de nouveaux pouvoirs. Par le langage, par l’écriture, par les mille canaux de la communication, c’est-à-dire de la mise en commun, ils ont peu à peu créé, et continuent à créer, un ensemble d’entités qui n’ont d’existence que par eux. Ils ont interrogé le monde qui les entoure, et surtout ils se sont interrogés à son propos ; ils l’ont reconstruit au moyen de concepts qu’ils ont imaginés, force, masse, spin [1] …, qui n’ont de sens que pour eux. Ils ont inventé des notions qui n’ont de valeur que pour eux, ainsi le bonheur ou la beauté.  Un lever de soleil sur une montagne n’est qu’un ensemble de photons d’énergies variées provoquant des sensations colorées ; il n’est beau que si un homme le regarde . Ils se sont donné des objectifs, ont défini des exigences qui n’ont de signification que pour eux, ainsi la dignité, ou la liberté. Les événements que nous constatons autour de nous, qu’ils soient le résultat des cheminements rigoureux du déterminisme ou des loteries de l’aléatoire, qu’ils soient fatals ou imprévisibles, sont un résultat passif ; l’homme est, lui, capable, selon qu’il le décide ou l’accepte, d’être libre ou asservi. Cet apport humain à l’univers, cette richesse qui n’existerait pas sans les hommes, et dont ils se gratifient les uns les autres, c’est cela l’humanitude. La nature, par hasard ou par nécessité, peu importent les parts de ces deux ingrédients, a fabriqué sans préméditation, sans projet, l’humanité. Les hommes, capables de préméditation, pétris de projets, ont mis peu à peu en place tout un ensemble d’espoirs, d’angoisses, de compréhensions, de questions, qui n’existait pas dans l’apport de la nature, qui n’est pas inclus dans l’humanité, qui constitue l’apport propre de l’homme, l’humanitude.

[1] Une des propriétés des particules

Être un homme, c’est partager provisoirement cette richesse peu à peu accumulée ; c’est aussi y apporter sa propre contribution. Pour y parvenir, il est, bien sûr, nécessaire d’avoir reçu lors de notre conception le patrimoine génétique qui nous fait appartenir à l’espèce   Homo sapiens. Mais cette condition n’est pas suffisante. Les outils fournis par la nature restent sans intérêt tant que d’autres hommes ne nous apprennent pas à les utiliser. Des hommes sont nécessaires pour, d’un petit d’homme, faire un homme, pour l’« éduquer ».

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L’idée d’humanitude en clair :

Ce terme a été créé par Albert Jacquard pour qualifier « l’apport de tous les hommes, d’autrefois ou d’aujourd’hui, à chaque homme » . Les hommes se transmettent non seulement un patrimoine génétique mais aussi un patrimoine culturel qui fait dire à Jacquard que « Les outils fournis par la nature restent sans intérêt tant que d’autres hommes ne nous apprennent pas à les utiliser. Des hommes sont nécessaires pour, d’un petit d’homme, faire un homme, pour l’« éduque r » . Ainsi, les hommes d’une génération à l ’ autre se transmettent leur richesse , accumulée au cours des millénaires. Et chacun y apporte sa propre contribution.

Petit rappel sur le fonctionnement de notre cerveau ! Et  sur  la plasticité cérébrale.

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Darwin et la théorie de l’évolution…

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Existe-t-il une nature qui nous détermine ?

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J.J Rousseau

(1712 – 1778) est un écrivain, philosophe et musicien genevois de langue française. Il est l'un des plus illustres philosophes du siècle des Lumières et l'un des pères spirituels de la Révolution

Mais (…) sur cette différence de l’homme et de l’animal, il y a une autre qualité très spécifique qui les  et sur laquelle il ne peut y avoir de contestation c’est la faculté de se perfectionner ; , au lieu qu’un animal est, au bout de quelques mois, ce qu’il sera toute sa vie, et son espèce, au bout de mille ans, ce qu’elle était la première année de ces mille ans. Pourquoi l’homme seul est-il sujet à devenir imbécile ? N’est-ce point qu’il retourne ainsi dans son état primitif, et que, tandis que la bête, qui n’a rien acquis et qui n’a rien non plus à perdre, reste toujours avec son instinct, l’homme, reperdant par la vieillesse ou d’autres accidents, tout ce que sa perfectibilité * lui avait fait acquérir, retombe ainsi plus bas que la bête même ?   Il serait triste pour nous d’être forcés de convenir que cette faculté distinctive, et presque illimitée, est la source de tous les malheurs de l’homme ; que c’est          de cette condition originaire dans laquelle il coulerait des jours tranquilles et innocents ; que c’est elle, qui faisant éclore avec les siècles ses lumières et ses erreurs, ses vices et ses vertus, le rend à la longue le tyran de lui-même, et de la nature.

Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’Inégalité parmi les Hommes , Première Partie

dissertation philosophique nature et culture

Jean-Paul SARTRE

(1905-1980) Ecrivain et philosophe français. Il a profondément marqué le vie intellectuelle et politique de la 2° moitié du XX°. Pour lui, l’homme est libre, et même « condamné à être libre », responsable. En fait l’homme est condamné à choisir sa vie et à s’engager. (voir bio sur le site)

“S’il est impossible de trouver en chaque homme une essence universelle qui serait la nature humaine, il existe pourtant une universalité humaine de condition. Ce n’est pas par hasard que les penseurs d’aujourd’hui parlent plus volontiers de la condition de l’homme que de sa nature. Par condition ils entendent avec plus ou moins de clarté l’ensemble des limites a priori qui esquissent sa situation fondamentale dans l’univers. Les situations historiques varient: L’homme peut naître esclave dans une société païenne ou seigneur féodal ou prolétaire. Ce qui ne varie pas, c’est la nécessité pour lui d’être dans le monde, d’y être au travail, d’y être au milieu d’autres et d’y être mortel… Et bien que les projets puissent être divers, au moins aucun ne me reste-t-il tout à fait étranger parce qu’ils se présentent tous comme un essai pour franchir ces limites ou pour les reculer ou pour les nier ou pour s’en accommoder.”

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René DESCARTES

1596-1650 Philosophe et mathématicien français.  

Pour  Descartes , l’homme se détache de la nature pour au moins deux raisons :

  • D’abord il  la prend pour objet de connaissance.
  • Ensuite en tant qu’ être qui pense «  Cogito ergo sum » ( «Je pense donc je suis» ),  il  se  pense comme sujet et non comme objet.  Et à partir de là, il va échapper au «naturel», alors que l’animal lui, est vu comme agissant par instinct : il est donc proche d’un pur mécanisme : celui de l’horloge.      

Camus et la condition humaine

Albert Camus est né en 1913, en Algérie. C’est à Alger, dans le quartier populaire de Belcourt, qu’Albert Camus passe son enfance et son adolescence, sous le double signe, qu’il n’oubliera jamais, de la pauvreté et de l’éclat du soleil méditerranéen. Philosophe, romancier, journaliste…C’est un homme engagé. Il reçoit le prix Nobel de Littérature en 1957 et meurt en 1960 dans un accident de voiture.  

Le mythe de Sisyphe

Les dieux avaient condamné Sisyphe à rouler sans cesse un rocher jusqu’au sommet d’une montagne d’où la pierre retombait par son propre poids. Ils avaient pensé avec quelque raison qu’il n’est pas de punition plus terrible que le travail inutile et sans espoir. On a compris déjà que Sisyphe est le héros absurde. Il l’est autant par ses passions que par son tourment. Son mépris des dieux, sa haine de la mort et sa passion pour la vie, lui ont valu ce supplice indicible où tout l’être s’emploie à ne rien achever. C’est le prix qu’il faut payer pour les passions de cette terre. On ne nous dit rien sur Sisyphe aux enfers. Les mythes sont faits pour que l’imagination les anime. Pour celui-ci, on voit seulement tout l’effort d’un corps tendu pour soulever l’énorme pierre, la rouler et l’aider à gravir une pente cent fois recommencée; on voit le visage crispé, la joue collée contre la pierre, le secours d’une épaule qui reçoit la masse couverte de glaise, d’un pied qui la cale, la reprise à bout de bras, la sûreté toute humaine de deux mains pleines de terre. Tout au bout de ce long effort mesuré par l’espace sans ciel et le temps sans profondeur, le but est atteint. Sisyphe regarde alors la pierre dévaler en quelques instants vers ce monde inférieur d’où il faudra la remonter vers les sommets. Il redescend dans la plaine. C’est pendant ce retour, cette pause, que Sisyphe m’intéresse. Un visage qui peine si près des pierres est déjà pierre lui-même! Je vois cet homme redescendre d’un pas lourd mais égal vers le tourment dont il ne connaîtra pas la fin. Cette heure qui est comme une respiration et qui revient aussi sûrement que son malheur, cette heure est celle de la conscience. A chacun de ces instants, où il quitte les sommets et s’enfonce peu à peu vers les tanières des dieux, il est supérieur à son destin. Il est plus fort que son rocher. Si ce mythe est tragique, c’est que son héros est conscient. Où serait en effet sa peine, si à chaque pas l’espoir de réussir le soutenait? L’ouvrier d’aujourd’hui travaille, tous les jours de sa vie, aux mêmes tâches et ce destin n’est pas moins absurde. Mais il n’est tragique qu’aux rares moments où il devient conscient. Sisyphe, prolétaire des dieux, impuissant et révolté connaît toute l’étendue de sa misérable condition: c’est à elle qu’il pense pendant sa descente. La clairvoyance qui devait faire son tourment consomme du même coup sa victoire. Il n’est pas de destin qui ne se surmonte par le mépris. A. Camus, Le Mythe de Sisyphe , 1942

Où l’homme est-il un animal comme les autres ? 

« Il n’y a aucune raison objective de considérer que les intérêts des êtres humains sont plus importants que ceux des animaux. Nous pouvons détruire les animaux plus facilement qu’ils ne peuvent nous détruire : c’est la seule base solide de notre prétention de supériorité. Nous valorisons l’art, la science et la littérature, parce que ce sont des choses dans lesquelles nous excellons. Mais les baleines pourraient valoriser le fait de souffler et les ânes pourraient considérer qu’un bon braiment est plus exquis que la musique de Bach. Nous ne pouvons le prouver, sauf par l’exercice de notre pouvoir arbitraire. Tous les systèmes éthiques, en dernière analyse, dépendent des armes de guerre. »   

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Descartes et l'animal-machine (XVII°)

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Petit historique du rapport homme/animal 

La pensée grecque : Avec les pythagoriciens (disciples de Pythagore 572-500) la question se pose déjà d’un point de vue moral : Condamnation du sacrifice des animaux, partisans du  végétarisme.

Les pythagoriciens  croyaient en la réincarnation de l’âme après la mort, aussi bien dans le corps d’un humain que dans celui d’un animal. Donc, tuer et manger des animaux était inacceptable.

Aristote (384-322 av JC) s’interroge sur la différence entre l’homme et l’animal : Qu’est-ce qui les différencie ? Y-a-t-il entre eux une différence de degré ou de nature ?

Il met une certaine distance entre l’homme et l’animal. Il défend une différence de nature entre les deux.  

Au Moyen-âge , pour des raisons religieuses, la relation homme/animal est hiérarchique. Mais ce qui est étonnant, c’est que l’on considère alors  que l’animal n’a  pas besoin d’êtredoué de raison pour être moralement responsable. On lui reconnait des actions volontaires et conscientes.   

D’où les procès d’animaux.. .

Les procès  intentés aux animaux pouvaient être collectifs  (  rongeurs, sauterelles, chenilles …) et lorsque les processions et autres pratiques de pénitence collective n’avaient pas fonctionné, les tribunaux ecclésiastiques instauraient des rituels de conjuration, de malédiction, d’exorcisme et même d’excommunication !

Pour les gros animaux, il y avait des procès     individuels …. Les tribunaux civils   jugeaient les animaux coupables de crimes individuels. Le propriétaire de l’animal n’était pas tenu pour responsable. La question de la responsabilité des animaux, liée à celle de savoir s’ils avaient, ou non, une âme, était sujette à de nombreux débats…  

AU XVIIe siècle  : L’animal-machine

l’animal est assimilé à un automate insensible . Dans sa théorie des animaux-machines, René Descartes (1596-1650) assimile les animaux à des automates qui ne ressentent pas la douleur. Il reconnaît que leur comportement ressemble à celui des hommes, mais pour lui, les animaux sont différents en ceci qu’ ils ne possèdent pas d’âme consciente et rationnelle émanant de Dieu. Les animaux sont considérés comme des êtres irresponsables ne pouvant pas être soumis à la punition (la souffrance) infligée par Dieu en représailles de leurs péchés.

Au XVIIIe siècle :

Cette vision mécaniste de l’animal va disparaitre.  

Les philosophes vont insister sur la souffrance animale. L’argument de ces philosophes, et de Rousseau notamment, est la capacité de souffrir commune aux hommes et aux animaux , sur laquelle ils se basent pour leur attribuer des droits.  

En plaçant la sensibilité à la source des droits naturels, Rousseau inclut tous les êtres pouvant souffrir dans la communauté morale.

L’argument est repris par le philosophe Jeremy Bentham dans son Introduction aux principes de la morale et de la législation (1789) qui marque un tournant :   “La question n’est pas : Peuvent-ils raisonner ? ni : Peuvent-ils parler ? mais : Peuvent-ils souffrir ? » déclare Bentham  

Charles Darwin avec sa théorie des espèces remet totalement en question la différence de nature entre l’homme et l’animal jusqu’ici avancée pour justifier l’exploitation des animaux par l’homme. Pour lui, il n’y a qu’une différence de degré entre l’homme et l’animal .

Au XX° Siècle :

 Après la guerre de 1939-1945 un parallèle est établi entre les pratiques du nazisme et l’exploitation industrielle des animaux  remettant ainsi en cause nos pratiques envers les animaux. Horkheimer note l’ignorance volontaire commune qu’elles suscitent : « il y a un lien entre l’attitude inconsciente à l’égard des actions honteuses dans les Etats totalitaires et l’indifférence envers les cruautés perpétrées sur les animaux, présente même dans les Etats libres. Les deux phénomènes s’alimentent de l’adhésion tacite des masses à tout ce qui se passe normalement. »

Par ailleurs, les connaissances apportées par l’éthologie ces dernières années montrent que l’animal est capable d’apprentissage, d’adaptation, et d’une forme de conscience… (voir vidéos ci-dessous)

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QU'EST-CE QUE LA NATURE ?

Petite définition.

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La nature désigne donc , au sens le plus général, l’ensemble des entités et des processus dont  l’existence est indépendante de l’homme .

On peut ainsi dire que la nature est tout ce qui se fait sans l’homme, ainsi que tout ce qui existerait si l’homme n’existait pas et n’avait jamais                        existé.

Il faudra donc différencier  causalité naturelle et causalité humaine

Mais (…) sur cette différence de l’homme et de l’animal, il y a une autre qualité très spécifique qui les distingue, et sur laquelle il ne peut y avoir de contestation c’est la faculté de se perfectionner; , au lieu qu’un animal est, au bout de quelques mois, ce qu’il sera toute sa vie, et son espèce, au bout de mille ans, ce qu’elle était la première année de ces mille ans. Pourquoi l’homme seul est-il sujet à devenir imbécile ? N’est-ce point qu’il retourne ainsi dans son état primitif, et que, tandis que la bête, qui n’a rien acquis et qui n’a rien non plus à perdre, reste toujours avec son instinct, l’homme, reperdant par la vieillesse ou d’autres accidents, tout ce que sa perfectibilité * lui avait fait acquérir, retombe ainsi plus bas que la bête même ? Il serait triste pour nous d’être forcés de convenir que cette faculté distinctive, et presque illimitée, est la source de tous les malheurs de l’homme ; que c’est elle qui le tire, à force de temps, de cette condition originaire dans laquelle il coulerait des jours tranquilles et innocents ; que c’est elle, qui faisant éclore avec les siècles ses lumières et ses erreurs, ses vices et ses vertus, le rend à la longue le tyran de lui-même, et de la nature. Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’Inégalité parmi les Hommes, Première Partie

Texte de Rousseau

La nature vue par René Descartes (XVII°)

L’œuvre scientifique de Descartes poursuit, à la suite de Galilée, la construction d’une nouvelle compréhension de la nature : non plus comme une Déesse toute puissante, telle que pouvait se la représenter la mythologie antique, mais comme un système mécanique possédant un fonctionnement réglé, immuable et compréhensible.

  Sachez donc, premièrement, que par la Nature je n’entends point ici quelque Déesse, ou quelque autre sorte de puissance imaginaire, mais que je me sers de ce mot pour signifier la Matière même en tant que je la considère avec toutes les qualités que je lui ai attribuées comprises toutes ensemble, et sous cette condition que Dieu continue de la conserver en la même façon qu’il l’a créée. Car de cela seul qu’il continue ainsi de la conserver, il suit de nécessité qu’il doit y avoir plusieurs changements en ses parties, lesquels ne pouvant, ce me semble, être proprement attribués à l’action de Dieu, parce qu’elle ne change point, je les attribue à la Nature ; et les règles suivant lesquelles se font ces changements, je les nomme les lois de la Nature.   René Descartes, Traité du Monde , 1664.

La nature vue par Baruch Spinoza

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Baruch SPINOZA

1632-1677 Philosophe juif hollandais, l'un des grands représentants du rationalisme

Selon Spinoza, Dieu n’est pas distinct de la nature : « deus sive natura ». Cependant, il existe deux acceptions de la nature. En tant que principe créateur, ordonnateur du monde créé, elle est Dieu et « nature naturante », en tant qu’ensemble des êtres et des lois créés par Dieu, elle est nature « naturée ».

Chapitre VIII- De la Nature naturante Avant de passer à quelque autre sujet, nous diviserons maintenant brièvement la Nature totale, savoir en Nature naturante et Nature naturée. Par Nature naturante nous entendons un être que par lui-même, sans avoir besoin d’aucune autre chose que lui-même (tels les attributs que nous ayons jusqu’ici signalés), nous concevons clairement et distinctement, lequel être est Dieu. (…) Quant à la Nature naturée, nous la diviserons en deux, une universelle et l’autre particulière. L’universelle se compose de tous les modes qui dépendent immédiatement de Dieu ; nous en traiterons dans le chapitre suivant. La particulière se compose de toutes les choses particulières qui sont causées par les modes universels. De sorte que la Nature naturée, pour être bien conçue, a besoin de quelque substance. Baruch Spinoza, Court Traité de Dieu, de l’homme et de la béatitude , 1660, trad. C.Appuhn.

Spinoza refuse de penser, comme Descartes le fait, que l’homme dispose d’un statut séparé des autres êtres de la nature. Contre l’idéal de se rendre « comme maître et possesseur de la nature », Spinoza répondra que l’homme n’est pas « un empire dans un empire » , il est englobé dans la nature. Il n’existe donc pas d’extériorité de l’homme par rapport à la nature, pas plus qu’entre la nature et Dieu : « la puissance de Dieu et la puissance de la nature sont identiques ». Cependant, la définition de Dieu ici n’est pas celle de la religion, il est impersonnel et s’exprime sur deux modes :

  • Dieu comme principe créateur de tout l’être est la nature naturante
  • Dieu, comme l’ensemble des principes nécessaires et des êtres créés,  n’est pas séparable de la nature : deus sive natura (Dieu, ou la nature).

La nature vue par Galilée

La philosophie est écrite dans cette immense livre qui se tient toujours ouvert devant nos yeux, je veux dire l’univers, mais on ne peut le comprendre si l’on ne s’applique d’abord à en comprendre La langue est à connaître les caractères avec lesquels il est écrit. Il est écrit dans la langue mathématique et ses caractères sont des triangles, des cercles et autres figures géométriques, sans le moyen desquels il est humainement impossible d’en comprendre un mot. Sans eux, c’est une errance vaine dans un labyrinthe obscur. Galilée, L’Essayeur , 1623

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1564 -1642 Mathématicien, géomètre, physicien et astronome italien du XVIIe siècle. Galilée a démontré que la terre tourne autour du soleil, et non l’inverse : c’est ce qu’on appelle l'héliocentrisme.

La nature vue par Hannah Arendt

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Hannah Arendt

(1906-1975) Philosophe américaine d’origine juive allemande. Elle fait ses études en Allemagne, où elle devient l’élève notamment de Heidegger. En 1933, elle quitte son pays au moment où l’arrivée au pouvoir des nazis menace la vie des personnes juives. Elle se réfugie d’abord en France puis aux États‑Unis . Elle y vivra jusqu’à sa mort.

Ce qui caractérise tous les processus naturels c’est qu’ils se produisent sans l’aide de l’homme, les choses naturelles sont celles qui ne sont pas « fabriquées», qui poussent toutes seules. (le sens authentique du mot « nature » qu’on le fasse dériver de la racine latine nasci,naître, ou qu’on le fasse remonter à son modèle grec, physis, qui vient de phycin,naître,croître). À la différence des productions de la main de l’homme, qui doivent être réalisées étape par étape et dans lesquelles le processus de fabrication est entièrement distinct de l’existence de l’objet fabriqué, l’existence de la chose naturelle n’est pas séparée du processus par lequel elle vient à l’être, elle lui est en quelque sorte identique: la graine contient, et en un sens, elle est déjà l’arbre, et l’arbre cesse de exister lorsque cesse le processus de croissance par lequel il est né. Si nous considérons ces processus par rapport à la finalité humaine, qui a un commencement voulu et une fin déterminée, ils ont un caractère d’automatisme. Nous appelons automatique tous les mouvements qui sont chaînes d’eux-mêmes et par conséquent échappent aux interventions voulues et ordonnées. Anna Arendt, La Condition de l’homme moderne , 1958

L’HOMME DOIT-IL OBEIR A LA NATURE ?

Diogène de sinope.

 Pour Diogène de Sinope, vivre en conformité à la nature , c’était rejeter toute forme de règle, toute soumission à la société humaine. Pour lui, puisque les cultures varient d’un lieu à l’autre, d’une époque à l’autre, c’est qu’elles sont arbitraires et corruptrices. Il n’y a donc qu’une voie possible, se conformer à la nature universelle et imiter les animaux. Diogène prône donc le rejet de toute règle: il vit dans un tonneau, dit à l’empereur Alexandre venu le rencontrer de s’écarter de son soleil, mange avec les mains, urine et aboie comme un chien, se masturbe en public, mendie, et ne respecte aucune opinion. M ais est – cela que respecter la nature de l’homme si précisément sa nature est précisément d’être un être de culture ?  Et qu’adviendrait – il de l’homme si chacun se laissait aller à ses penchants ? Freud par exemple considérera la civilisation (la culture) co mme étant le seul barrage à notre agressivité naturelle qui nous pousse à éliminer, utiliser, détruire notre prochain !

LES CYNIQUES

Les stoïciens et la nature...

  Zénon de Citium ,  né vers  300 av. J.C, est considéré comme le père du stoïcisme. Il aurait écrit un livre intitulé   “Sur la vie en accord avec la nature”. Aussi, “vivre en accord avec la nature” est l’un des fondements de cette école.  

Plus tard, Sénèque (autre stoïcien) écrira “Notre devise, comme tout le monde le sait”,  est de vivre en conformité avec la nature” (Lettres à Lucilius, 5).

  “Suivre la nature”:

Les stoïciens affirmaient   que le but de la vie était de “vivre en accord avec la vertu”, ou l’excellence humaine. Si bien que pour eux, nous avons le devoir,   la responsabilité de porter notre nature à sa perfection.  C’est à dire terminer le travail laissé inachevé par la Nature elle-même , en faisant le meilleur usage de notre plus haute faculté, la raison : “pour l’être raisonnable, la même action est à la fois conforme à la nature et à la raison” (Marc Aurèle, Méditations, 7.11). “Suivre la nature” ne signifie donc pas agir comme un animal stupide, mais plutôt épanouir notre potentiel naturel en tant qu’animaux humains.

Les stoïciens ont défini la “vertu” comme la recherche de  l“excellence” ou l’épanouissement de notre nature humaine rationnelle . Le stoïcisme est donc une école qui vise à nous faire  devenir de meilleurs êtres humains et nous enseigne la façon de mener une vie bonne.

Nous devons vivre en accord avec la nature à la fois :

  • D’un point de vue individuel : il est normal que les humains veuillent se conserver ; donc de préférer la santé, la force et la richesse à la maladie, la faiblesse et la pauvreté. Ainsi, agir en accord avec la nature consiste,  à rechercher ces biens préférables , en accord avec notre constitution d’êtres vivants. Mais là, il ne s’agit que d’un accord instinctif. Et puisque nous sommes des êtres de raison, nous pouvons aussi composer avec nos instincts en fonction des circonstances.

 Ainsi au nom de la vertu (accord avec la Nature), nous pouvons préférer la pauvreté à la richesse.  Le stoïcien ne doit pas se contenter de suivre ses penchants  instinctifs , il doit vivre en accord avec sa nature rationnelle . Mais au-delà de cette dimension personnelle, il y a aussi une dimension plus universelle : l’accord avec la Nature ou Raison universelle. 

  • D’un point de vue plus universel :

Pour les stoïciens, l a nature n’est rien d’autre que le Dieu-logos, la rationalité universelle. Il nous appartient donc de connaître, comprendre et s’adapter en tout temps à l’ordre de la nature.   

Marc Aurele

Marc Aurèle , empereur et philosophe stoïcien. (121 – 180)

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Le stoïcisme entend enseigner un « art de vivre » dont le principal objectif est d’accorder sa propre existence avec le cours de la nature tout entière.

Il faut toujours se rappeler ces points : quelle est la nature du tout, et quelle est la mienne ; quel rapport lie celle‑ci à celle‑là ; quelle partie de l’univers je suis et quel il est ; et que personne ne t’empêche de toujours agir et parler conséquemment à la nature, dont tu fais partie. […] Estime que tu es digne de toute parole, de toute action conforme à la nature. Ne te laisse pas détourner par les critiques ou les propos qui peuvent en résulter ; mais s’il est bien de faire cette action, de dire cette parole, ne t’en juge pas indigne. Ceux‑là ont leur propre guide intérieur et ils obéissent à leurs propres instincts. Ne t’en inquiète pas, mais va droit ton chemin, guidé par ta nature propre et la nature universelle. Toutes deux suivent une voie unique.

      Marc Aurèle, Pensées pour moi‑même , 170‑180, trad. A.-I. Trannoy.

Les stoïciens considère qu’il y a un ordre du monde que nous ne pouvons qu’accepter. e 

 Il faut toujours se rappeler ces points : quelle est la nature du tout, et quelle est la mienne ; quel rapport lie celle‑ci à celle‑là ; quelle partie de l’univers je suis et quel il est ; et que personne ne t’empêche de toujours agir et parler conséquemment à la nature, dont tu fais partie. […]  Estime que tu es digne de toute parole, de toute action conforme à la nature. Ne te laisse pas détourner par les critiques ou les propos qui peuvent en résulter ; mais s’il est bien de faire cette action, de dire cette parole, ne t’en juge pas indigne. Ceux‑là ont leur propre guide intérieur et ils obéissent à leurs propres instincts. Ne t’en inquiète pas, mais va droit ton chemin, guidé par ta nature propre et la nature universelle. Toutes deux suivent une voie unique. Marc Aurèle, Pensées pour moi‑même ,  

Marc-Aurele

« Poursuis droit ton chemin, en te laissant conduire par ta propre nature et la nature universelle : toutes deux suivent une unique voie. »

Nietzsche critique ici l’idéal stoïcien de vivre selon la nature. Loin d’être un modèle idéal, la nature n’est‑elle pas plutôt un contre‑modèle devant inspirer la crainte et le rejet, et non la conformation ?

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C’est « conformément à la nature » que vous voulez vivre ! Ô nobles stoïciens, quelle duperie est la vôtre ! Imaginez une organisation telle que la nature, prodigue sans mesure, indifférente sans mesure, sans intentions et sans égards, sans pitié et sans justice, à la fois féconde, et aride, et incertaine, imaginez l’indifférence elle‑même érigée en puissance, — comment pourriez‑vous vivre conformément à cette indifférence ? Vivre, n’est-ce pas précisément l’aspiration à être différent de la nature ? La vie ne consiste‑t‑elle pas précisément à vouloir évaluer, préférer, à être injuste, limité, autrement conformé ? Friedrich Nietzsche, Par-delà bien et mal , 1886, trad. H. Albert.

 On ne peut-être naturel que sans le vouloir…

  Certains états mentaux et sociaux […] sont des états que l’on ne peut jamais atteindre par l’intelligence ou la volonté, car le fait même de s’y essayer interdit de réussir. […]   Un cas paradigmatique est décrit de manière assez détaillée dans le journal de Stendhal . L’obsession de Stendhal est de devenir naturel. […] Mais cette idée est contradictoire, puisque l’intentionalité du désir de paraître indifférent est incompatible avec l’absence d’intentionalité qui définit l’indifférence. Une incohérence du même type est illustrée par le passage suivant : « Pour être aimable, je n’ai qu’à vouloir ne pas le paraître ». Cela est certainement vouloir quelque chose qui ne peut pas être voulu. […] Stendhal n’essaye pas de faire impression sur les gens en mimant des qualités qu’il ne possède pas. Il veut faire impression en étant ou en devenant un certain type de personne – une personne qui ne se soucierait pas de faire impression.

RETOURNER A LA NATURE ?

On voit souvent le retour à la nature comme le retour à une vie authentique… Dans ces temps troublés, beaucoup y voit   la possibilité d’un avenir différent, loin de la société anxiogène et technologique dans laquelle nous évoluons.   Pour beaucoup, la nature est ainsi l’espace qui rend possible une existence meilleure et accomplie, faisant de la nature plus qu’un idéal : une norme à suivre. Mais peut‑on réellement mener une existence naturelle ? Et à quel prix ?

Quelques exemples littéraires et cinématographiques de retour à la nature...

Into the wild....

Où le douloureux retour à la nature…

Vendredi ou les limbes du Pacifique ( Robinson revisité par l'écrivain Michel Tournier )

Robinson est un trés bon exemple de tentative (forcée) de retour à la nature… 

Ce qui est intéressant c’est que  si le Robinson de Defoe choisit de retourner dans la “civilisation”, celui de M. Tournier, lui. décide de rester après bien des questionnements

Captain Fantastic...

C’est l’histoire d’une famille vivant depuis 20 ans en pleine nature, les parents assurant l’éducation et l’instruction de leurs six enfants entre 5 et 20 ans Captain Fantastic” nous conte l’histoire d’une utopie familiale ,  qui met en valeur  le savoir, la culture et l’exercice physique au milieu de la forêt, qui explose à la mort de la mère de cette famille.

Le « vrai » monde va alors se mêler des méthodes d’éducation peu conventionnelles du chef de famille, moitié-philosophe, moitié-Robinson. 

J.J Rousseau et l'état de nature

“Tant que les hommes se contentèrent de leurs cabanes rustiques, tant qu’ils se bornèrent à coudre leurs habits de peaux avec des épines ou des arêtes, à se parer de plumes et de coquillages, à se peindre le corps de diverses couleurs, à perfectionner ou embellir leurs arcs et leurs flèches, à tailler avec des pierres tranchantes quelques canots de pêcheurs ou quelques grossiers instruments de musique, en un mot tant qu’ils ne s’appliquèrent qu’à des ouvrages qu’un seul pouvait faire, et qu’à des arts qui n’avaient pas besoin du concours de plusieurs mains, ils vécurent libres, sains, bons et heureux autant qu’ils pouvaient l’être par leur nature, et continuèrent à jouir entre eux des douceurs d’un commerce (1) indépendant : mais dès l’instant qu’un homme eut besoin du secours d’un autre ; dès qu’on s’aperçut qu’il était utile à un seul d’avoir des provisions pour deux, l’égalité disparut, la propriété s’introduisit, le travail devint nécessaire et les vastes forêts se changèrent en des campagnes riantes qu’il fallut arroser de la sueur des hommes et dans lesquelles on vit bientôt l’esclavage et la misère germer et croître avec les moissons.La métallurgie et l’agriculture furet les deux arts dot “

            J e a n – J a c q u e s   R o u s s e a u ,  D i s c o u r s  s u r  l ‘ o r i g i n e  e t  l e s fondements de l’inégalité des hommes (1755)

NATURE & CULTURE

Merleau-ponty.

Philosophe français (1908 -1961) 

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Distinguer nature et culture chez l’homme supposerait que nous puissions différencier ce que nous avons acquis de ce qui nous est inné !

Il n’est pas plus naturel ou pas moins conventionnel de crier dans la colère ou d’embrasser dans l’amour que d’appeler table une table. Les sentiments et les conduites passionnelles sont inventés comme les mots. Même ceux qui, comme la paternité, paraissent inscrits dans le corps humain sont en réalité des institutions. Il est impossible de superposer chez l’homme une première couche de comportements que l’on appellerait « naturels » et un monde culturel ou spirituel fabriqué. Tout est fabriqué et tout est naturel chez l’homme, comme on voudra dire, en ce sens qu’il n’est pas un mot, pas une conduite qui ne doive quelque chose à l’être simplement biologique – et qui en même temps ne se dérobe à la simplicité de la vie animale, ne détourne de leur sens les conduites vitales, par une sorte d’échappement et par un génie de l’équivoque  qui pourraient servir à définir l’homme. Maurice Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception (1945)

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Pour les humanistes du XVI°, l’œuvre de la nature doit être achevée par l’œuvre de l’éducation, conçue comme une préparation rationnelle à la vie active : « On ne naît pas homme on le devient » , proclame Érasme.  

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Quelques siècles plus tard , Simone de Beauvoir écrira  dans Le Deuxième sexe  : “On ne nait pas femme, on le devient”…

On ne naît pas femme : on le devient. Aucun destin biologique, psychique, économique ne définit la figure que revêt au sein de la société la femelle humaine ; c’est l’ensemble de la civilisation qui élabore ce produit intermédiaire entre le mâle et le castrat qu’on qualifie de féminin. Seule la médiation d’autrui peut constituer un individu comme un Autre. En tant qu’il existe pour soi, l’enfant ne saurait se saisir comme sexuellement différencié. Chez les filles et les garçons, le corps est d’abord le rayonnement d’une subjectivité, l’instrument qui effectue la compréhension du monde : c’est à travers les yeux, les mains, non par les parties sexuelles qu’ils appréhendent l’univers. Le drame de la naissance, celui du sevrage se déroulent de la même manière pour les nourrissons des deux sexes ; ils ont les mêmes intérêts et les mêmes plaisirs ; la succion est d’abord la source de leurs sensations les plus agréables ; puis ils passent par une phase anale où ils tirent leurs plus grandes satisfactions des fonctions excrétoires qui leur sont communes ; leur développement génital est analogue ; ils explorent leur corps avec la même curiosité et la même indifférence ; du clitoris et du pénis ils tirent un même plaisir incertain ; dans la mesure où déjà leur sensibilité s’objective, elle se tourne vers la mère : c’est la chair féminine douce, lisse élastique qui suscite des désirs sexuels et ces désirs sont préhensifs ; c’est d’une manière agressive que la fille, comme le garçon, embrasse sa mère, la palpe, la caresse ; ils ont la même jalousie s’il naît un nouvel enfant ; ils la manifestent par les mêmes conduites : colères, bouderie, troubles urinaires ; ils recourent aux mêmes coquetteries pour capter l’amour des adultes. Jusqu’à douze ans la fillette est aussi robuste que ses frères, elle manifeste les mêmes capacités intellectuelles ; il n’y a aucun domaine où il lui soit interdit de rivaliser avec eux. Si, bien avant la puberté, et parfois même dès sa toute petite enfance, elle nous apparaît déjà comme sexuellement spécifiée, ce n’est pas que de mystérieux instincts immédiatement la vouent à la passivité, à la coquetterie, à la maternité : c’est que l’intervention d’autrui dans la vie de l’enfant est presque originelle et que dès ses premières années sa vocation lui est impérieusement insufflée.

En fait, il n’y a pas l’homme d’un côté et la nature de l’autre . Il est un produit de la nature,il en fait partie. Il est régi par les lois de la nature au même titre que n’importe quelle autre espèce.

Pourtant le naturel s’oppose généralement au culturel . Et l’on a tendance à considérer que seul l’homme acquiert une culture, c’est à dire des acquis (techniques, langagiers,  artistiques) qui se transmettent d’une génération à l’autre. On sait aujourd’hui, grâce aux découvertes en éthologie que les espèces animales sont aussi capables d’apprentissage, que les corbeaux communiquent entre eux pour se prévenir d’un danger, que les éléphants se reconnaissent dans un miroir et que chez certaines espèces, il y a des pratiques qui s’apparentent aux rites funéraires. Alors, qu’est-ce que l’homme a de particulier ? 

Il est un être doté  d’une intelligence qui lui permet d’adapter son environnement, de se rendre « comme maitre et possesseur de la nature » (Descartes). Mais en réalité, il suffit de voir les effets dévastateurs d’un ouragan pour comprendre que ce pouvoir est très limité…

Pourtant l’homme est semble-t-il le seul à pouvoir imaginer aller sur la lune et y aller !

Se pourrait-il qu’il soit dans la nature de l’homme d’être un être de culture ?   En fait la culture lui serait aussi naturelle que de voler pour les oiseaux…

Il y aura donc une grande difficulté, voire une impossibilité à distinguer ce qui appartient à la nature et ce qui appartient à la culture chez l’homme. Merleau-Ponty, ou François Jacob le soulignent.(Voir textes).

Pour être heureux, faut-il retourner à la nature ?

Rousseau et l’etat de nature.

Cet idéal de la nature originaire est présent dans les grandes sagesses antiques. Epicure indique, par exemple, que la sagesse consiste à trier nos désirs pour sélectionner ceux qui sont naturels et nécessaires. Le stoïcisme en est une autre illustration. Selon Épictète, la nature humaine permet à tout homme de devenir progressivement ce que sa nature lui fixe comme objectif ; en ce sens, la culture n’est que la poursuite de l’intention naturelle. L’homme est alors conçu comme « l’animal raisonnable », maître de lui, puisque sa vertu contrôle ses désirs.

Dans le christianisme, on retrouve l’idée d’une nature perdue, édénique, dont nous avons été chassés pour rejoindre une nature de second ordre qu’il faut soumettre. En effet, telle est la tâche que Dieu fixe à l’homme : « dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et tout animal qui se meut sur terre » (La Bible, Genèse 1-28).

Texte : D’Holbach, une régression ?

On prétend que le sauvage est un être plus heureux que l’homme civilisé. Mais en quoi consiste son bonheur et qu’est-ce qu’un Sauvage ? c’est un enfant vigoureux, privé de ressources, d’expériences, de raison, d’industrie, qui souffre continuellement la faim et la misère, qui se voit à chaque instant forcé de lutter contre les bêtes, qui d’ailleurs ne connaît d’autre loi que son caprice, d’autres règles que ses passions du moment, d’autre droit que la force, d’autre vertu que la témérité. C’est un être fougueux, inconsidéré, cruel, vindicatif, injuste, qui ne veut point de frein, qui ne prévoit pas le lendemain, qui est à tout moment exposé à devenir la victime, ou de sa propre folie, ou de la férocité des stupides qui lui ressemblent.      La Vie Sauvage ou l’état de nature auquel des spéculateurs chagrins ont voulu ramener les hommes, l’âge d’or si vanté par les poètes, ne sont dans le vrai que des états de misère, d’imbécillité, de déraison. Nous inviter d’y rentrer, c’est nous dire de rentrer dans l’enfance, d’oublier toutes nos connaissances, de renoncer aux lumières que notre esprit a pu acquérir : tandis que, pour notre malheur, notre raison n’est encore que fort peu développée, même dans les nations les plus civilisées. […] Les partisans de la Vie Sauvage nous vantent la liberté dont elle met à portée de jouir, tandis que la plupart des nations civilisées sont dans les fers. Mais des sauvages peuvent-ils jouir d’une vraie liberté ? Des êtres privés d’expériences et de raison, qui ne connaissent aucun motif pour contenir leurs passions, qui n’ont aucun but utile, peuvent-ils être regardés comme des êtres vraiment libres ? Un Sauvage n’exerce qu’une affreuse licence, aussi funeste pour lui- même, que nuisible pour les malheureux qui tombent en son pouvoir. La liberté entre les mains d’un être sans culture et sans vertu, est une arme tranchante entre les mains d’un enfant.

D’HOLBACH 

Une utopie ?

Devenant incapable d’identifier ce qui dépend du naturel et ce qui dépend du culturel, l’homme contemporain peut être conduit à vivre un rapport illusoire à la nature. La nostalgie de la nature perdue, l’idéal du naturel retrouvé dans l’assiette ou dans le folklore rural, le fantasme de la nature vierge s’affichent sur nos écrans ou font le succès d’un présumé « retour à la nature ». Les sociologues Daniel Léger et Bertrand Hervieu indiquent que derrière ce fantasme du retour se cache une aspiration éthique, car le naturel est identifié à ce qui est bon par essence. L’homme moderne et désorienté cherche donc moins à fuir un monde technique qu’à redéfinir ce que peut être une vie bonne, préoccupation centrale de l’éthique.

Qui, aujourd’hui, entre deux métros, ne rêve de vivre à la campagne ? Qui ne rêve deretrouver, loin des miasmes et de la frénésie urbaine, cette vie simple, en harmonie avec la nature qu’on prête aux paysans d’autrefois ? Nostalgies du village où tout le monde se connaissait, nostalgies d’un travail où l’on voyait, où l’on palpait ce qu’on faisait, nostalgies de ces savoirs fondamentaux – désormais enfouis ou dévalués – qui permettaient de maîtriser son univers, nostalgies d’une sagesse qui savait placer l’homme dans la nature et non pas contre elle… nostalgies d’un monde où chacun, connu comme le fils d’Untel et Unetelle, avait ses racines… Repoussoir hier, le monde rural est aujourd’hui un fantastique réservoir de fantasmes3. Des fantasmes qui font vendre : à défaut de vie verte, on achète « naturel », « bio » ou « rétro »… Des fantasmes qui font vivre : ceux pour qui l’horizon de l’existence, c’est la maison, ou la retraite à la campagne… Des fantasmes suffisamment mobilisateurs pour conduire des gens comme vous et nous à abandonner leur emploi, leurs perspectives de carrière, leur genre de vie pour se risquer à l’artisanat ou à l’agriculture… Immigrants de l’utopie, non parce que leur démarche serait nécessairement irréaliste ou farfelue, mais parce que leur refus du quotidien et leur rêve d’un avenir autre s’expriment dans cette tentative pour retrouver, loin des villes, un Âge d’Or que le progrès, l’industrie, le mirage productiviste ont, selon eux, détruit. […] Danièle Léger et Bertrand Hervieu, Le retour à la nature , © Éditions du Seuil, 1979.

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Avons‑nous des devoirs envers la nature ?

Face aux enjeux écologiques de l’époque moderne, Hans Jonas propose une reformulation de l’impératif catégorique kantien  prenant en considération la responsabilité humaine envers la nature et le vivant.(Voir le cours sur la technique)

La nature en tant qu’objet de la responsabilité humaine est certainement une nouveauté à laquelle la théorie éthique doit réfléchir. Quel type d’obligation s’y manifeste ? […] Et si le nouveau type de l’agir humain voulait dire qu’il faut prendre en considération davantage que le seul intérêt « de l’homme  » – que notre devoir  s’étend plus loin et que la  limitation de toute éthique passée ne vaut plus ? […] Un impératif adapté au nouveau type de l’agir humain et qui s’adresse au nouveau type de sujets de l’agir s’énoncerait à peu près ainsi : « Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur terre » ; ou pour l’exprimer négativement : « Agis de façon que les effets de ton action ne soient pas destructeurs pour la possibilité future d’une telle vie » ; ou simplement : « Ne compromets pas les conditions pour la survie indéfinie de l’humanité sur terre » ; ou encore, formulé de nouveau positivement : « Inclus dans ton choix actuel l’intégrité future de l’homme comme objet secondaire de ton vouloir ». Hans Jonas, Le principe responsabilité, 1979, trad. J. Greisch, © Flammarion, 2013.
Voir aussi, à ce sujet, le cours sur la technique.

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Michel Serres

Il distingue deux rapports antagonistes de l’homme envers la nature et propose ainsi l’adoption d’un contrat qui lierait les hommes à la nature de manière symbiotique, c’est‑à‑dire dans une association organique réciproque considère qu’il est temps de fonder un contrat naturel qui place l’homme en situation de symbiote et non plus de parasite. Le parasite habite son hôte en lui prélevant des ressources sans partage, jusqu’à produire son épuisement et sa mort éventuelle. Inversement le symbiote entre dans une relation de don et de contre-don avec son hôte. Ce modèle des échanges entre l’homme et son environnement peut produire un usage de la nature non destructif, au bénéfice mutuel de l’humanité et de son milieu de vie.

Retour donc à la nature ! Cela signifie : au contrat exclusivement social ajouter la passation d’un contrat naturel de symbiose et de réciprocité où notre rapport aux choses laisserait maîtrise et possession pour l’écoute admirative, la réciprocité, la contemplation et le respect, ou la connaissance ne supposerait plus la propriété, ni l’action la maîtrise, ni celles-ci leurs résultats aux conditions stercoraires.Contrat d’armistice dans la guerre objective, contrat de symbiose : le symbiote admet le droit de l’hote, alors que le parasite–notre statut actuel– condamne à mort celui qu’il pille et qu’il habite sans prendre conscience qu’à terme il se condamne lui-même à disparaître. Le parasite prend tout et ne donne rien; L’hote donne tout et ne prend rien. Le droit de maîtrise et de propriété se réduit au parasitisme. Au contraire, le droit de symbiose se définit par réciprocité : autant la nature donne à l’homme, autant celui-ci doit rendre à celle-là, devenue sujet de droit.  

"NATURE, CULTURE , ORDURES"

L’Anthropocène est une nouvelle époque géologique qui se caractérise par l’avènement des hommes comme principale force de changement sur Terre, surpassant les forces géophysiques. C’est l’âge des humains ! Celui d’un désordre planétaire inédit.

Si les humains sont devenus une force naturelle capable de déstabiliser le système Terre, ne doit-on pas mettre en question le « grand partage » entre nature et culture qui structure la pensée des modernes ? L’anthropologue Philippe Descola révèle qu’il existe des sociétés où les hommes savent composer autrement des mondes avec ce qui n’est pas eux : les animaux, les plantes, les choses, les montagnes et les vallées, le ciel et la terre… Et nous invite à nous aventurer « par-delà nature et culture » . (Mediapart)

Le droit peut‑il sauver la nature ?

Devant les multiples dommages causés par les pollutions et le dérèglement climatique, les initiatives juridiques et citoyennes se multiplient dans le monde, favorisant l’émergence d’une véritable justice environnementale. C’est une première mondiale dans l’histoire du droit. Coup sur coup, au mois de mars 2017, deux fleuves se sont vu attribuer une personnalité juridique. En Nouvelle‑Zélande, le fleuve Whanganui, troisième plus long cours d’eau du pays, a été reconnu « entité vivante ayant le statut de personne morale » par le Parlement. À l’instar des personnes mineures, il s’est vu affecter deux tuteurs légaux qui défendront ses intérêts. En Inde, c’est le Gange et l’un de ses affluents, la rivière Yamuna, tous deux sacrés, qui sont devenus des sujets de droit. Cette décision prise par la Haute Cour de l’État himalayen de l’Uttarakhand doit permettre de combattre plus efficacement la pollution provoquée par les rejets industriels et les égouts. […] Cette idée de nature‑personne existe déjà en Amérique latine. La nouvelle Constitution de l’Équateur, adoptée en 2008, reconnaît la nature comme un sujet de droit : droit d’être respectée, droit d’être restaurée en cas de dommage…[…] La Bolivie a quant à elle voté en 2011 une loi sur la « Terre Mère », la « Pachamama », qui envisage tous les bénéfices de la nature pour ellemême et pas seulement pour les services qu’elle rend à l’être humain. […] Laure Cailloce, « Le droit peut‑il sauver la nature ? », CNRS Le Journal, mai 2017.

En guise de conclusion

Êtres de culture , les hommes peuvent-ils être naturels ? A quoi ressemblent-ils quand ils essaient de l’être et que veut dire « être naturel »? 

Pour Diogène de Sinope, c’était rejeter toute forme de règle, toute soumission à la société humaine.

Pour lui, puisque  les cultures,   varient d’un lieu à l’autre, d’une époque à l’autre, c’est qu’elles sont arbitraires et corruptrices. Il n’y a donc qu’une voie possible, se conformer à la nature universelle [1] et  imiter les animaux. Diogène prône donc le rejet de toute règle:   il vit dans un tonneau, dit à l’empereur Alexandre venu le rencontrer de s’écarter de son soleil, mange avec les mains, urine et aboie comme un chien, se masturbe en public,  mendie, et ne respecte aucune opinion.  

Mais est-cela que respecter la nature de l’homme si précisément sa nature est précisément d’être un  être de culture ?

Et qu’adviendrait-il de l’homme si chacun se laissait aller à ses penchants ? Freud par exemple considérera la civilisation (la culture) comme étant le seul barrage à notre agressivité naturelle qui nous pousse à éliminer, utiliser, détruire notre prochain !

A vous d’y réfléchir….

LA CULTURE & L' HOMME

Rappelons que la culture est « l’ensemble des acquisitions faites par les hommes et le fait de les acquérir » mais qu’elle est aussi « un ensemble de normes collectives propre à un groupe ».

François Jacob

François JACOB

Biologiste, prix Nobel de médecine en 1965 pour ses travaux sur la génétique. Il est notamment l’auteur de Le Jeu des possibles , 1981

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Texte de F. Jacob

Tout enfant normal possède à la naissance la capacité de grandir dans n’importe quelle communauté, de parler n’importe qu’elle langue, d’adopter n’importe quelle religion, n’importe quelle convention sociale. Ce qui paraît le plus vraisemblable, c’est que le programme génétique met en place ce qu’on pourrait appeler des structures d’accueil qui permettent à l’enfant de réagir aux stimuli venus de son milieu, de chercher et repérer des régularités, de les mémoriser puis de réassortir les éléments en combinaisons nouvelles. Avec l’apprentissage, s’affinent et s’élaborent peu à peu ces structures nerveuses. C’est par une interaction constante du biologique et du culturel pendant le développement de l’enfant que peuvent mûrir et s’organiser les structures nerveuses qui sous-tendent les performances mentales. Dans ces conditions, attribuer une fraction de l’organisation finale à l’hérédité et le reste au milieu n’a pas de sens. Pas plus que de se demander si le goût de Roméo pour Juliette est d’origine génétique ou culturelle. Comme tout organisme vivant, l’être humain est génétiquement programmé, mais il est programmé pour apprendre. Tout un éventail de possibilités est offert par la nature au moment de la naissance. Ce qui est actualisé se construit peu à peu pendant la vie par l’interaction avec le milieu. 

Texte J.P Sartre

Philosophe et écrivain français   (1905 – 1980)   

Connu pour son engagement politique et comme père de l’existentialisme, son nom et sa vie sont liés à la philosophe Simone de Beauvoir. Sartre est également l’auteur de romans et de pièces de théâtre  ( Huis-clos, Les Mains sales, Les Mouches…)   

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L’existentialisme athée, que je représente, (…) déclare que si Dieu n’existe pas, il y a au moins un être chez qui l’existence précède l’essence, un être qui existe avant de pouvoir être défini par aucun concept et que cet être c’est l’homme ou, comme dit Heidegger, la réalité humaine. Qu’est-ce que signifie ici que l’existence précède l’essence ? Cela signifie que l’homme existe d’abord, se rencontre, surgit dans le monde, et qu’il se définit après. L’homme, tel que le conçoit l’existentialiste, s’il n’est pas définissable, c’est qu’il n’est d’abord rien. Il ne sera qu’ensuite, et il sera tel qu’il se sera fait. Ainsi, il n’y a pas de nature humaine, puisqu’il n’y a pas de Dieu pour la concevoir. L’homme est seulement, non seulement tel qu’il se conçoit, mais tel qu’il se veut, et comme il se conçoit après l’existence, comme il se veut après cet élan vers l’existence ; l’homme n’est rien d’autre que ce qu’il se fait. Jean-Paul Sartre, L’Existentialisme est un humanisme (1946)

Si beaucoup ont vu dans les progrès  de la civilisation, la promesse d’une humanité meilleure (La plupart des philosophes des Lumières notamment), d’autres comme J.J Rousseau voit là une source de corruption et de malheur. Partant du postulat que l’homme est naturellement bon et que c’est la société qui le corrompt, voici ce qu’ écrit Rousseau :

Jean-Jacques ROUSSEAU

1712 à Genève – 1778 à Ermenonville, est un écrivain, philosophe et musicien genevois de langue française.

Il est l’un des plus illustres philosophes du siècle des Lumières et l’un des pères spirituels de la Révolution, même s’il se distingue par la vision pessimiste qu’il a de la société et du progrès.. 

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L’homme sauvage et l’homme civilisé diffèrent tellement par le fond du cœur et des inclinations que ce qui fait le bonheur suprême de l’un réduirait l’autre au désespoir. Le premier ne respire que le repos et la liberté, il ne veut que vivre et rester oisif, et l’ataraxie même du Stoïcien n’approche pas de sa profonde indifférence pour tout autre objet. Au contraire le citoyen toujours actif sue, s’agite, se tourmente sans cesse pour chercher des occupations toujours plus laborieuses : il travaille jusqu’à la mort, il y court même pour se mettre en état de service, on renonce à la vie pour acquérir l’immortalité. Il fait sa cour aux grands qu’il hait et aux riches qu’il méprise, il n’épargne rien pour obtenir l’honneur de les servir, il se vante orgueilleusement de sa bassesse et de leur protection, et fier de son esclavage, il parle avec dédain de ceux qui n’ont pas l’honneur de les partager. Quel spectacle pour un Caraïbe, que les travaux pénibles et enviés d’un Ministère Européen ! Combien de morts cruelles ne préfèrerait pas cet indolent sauvage à l’horreur d’une pareille vue qui souvent n’est pas même adoucie par le plaisir de bien faire ? Mais pour voir le but de tant de soins, il faudrait que ces mots, puissance et réputation, eussent un sens dans son esprit, qu’il apprît qu’il y a une sorte d’hommes qui comptent pour quelque chose les regards du reste de l’univers, qui savent être heureux et contents d’eux-mêmes, sur le témoignage d’autrui plutôt que sur le leur propre. Telle est, en effet, la véritable cause de toutes ces différences : le sauvage vit en lui-même ; l’homme sociable toujours hors de lui ne sait vivre que dans l’opinion des autres, et c’est, pour ainsi dire, de leur seul jugement qu’il tire le sentiment de sa propre existence.

Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes , II

Culture & violence

A priori, on pourrait penser que la civilisation nous rend meilleur au sens où elle nous permet d’accéder à la connaissance, de soigner, de faciliter la vie des hommes… Certes, il y a à n’en pas douter des aspects positifs. Mais sommes-nous pour autant plus humains ?

L’Histoire récente où non tendrait à nous faire penser que non… 

Particularismes culturels et ethnocentrisme

Il n’y a pas une culture mais des cultures. Et l’homme a bien du mal à considérer que celui qui ne vit pas comme lui, est néanmoins un homme d’une égale importance.

Entre relativisme absolu et ethnocentrisme, où se situer ? 

L'ethnocentrisme

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Ethnocentrisme

Etymologie de « ethnocentrisme »: du grec ethnos, nation, tribu, et du latin centrum, centre. L’ethnocentrisme consiste à juger les autres cultures en fonction de la notre. Il correspond aux différentes formes que prend le refus de la diversité des cultures. Donc un ensemble de représentations, de croyances, de savoir-faire, de coutumes acquis en tant que membre de telle ou telle société, de telle ou telle communauté et non en tant que membre de l’espèce humaine. On parlera donc de culture occidentale, africaine, orientale…

Les hommes ont mis d’autres hommes en esclavage, les ont traités plus mal que des bêtes, ont douté de leur appartenance à l’humanité, ont exterminé ou tenté de le faire- des peuples entiers, au nom de l’homme, de la religion, de croyances, coutumes…. En quelque sorte, au nom de la culture !

Mythe Cherokee sur l’origine des « races ».

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Le Créateur a créé l’homme de la manière suivante : il a d’abord construit un four, puis modelé des figurines en pâte, de forme humaine, qu’il mit à cuire. Il sortit la première trop tôt ; d’elle allaient descendre les Blancs. Il retira la seconde à point : d’une belle couleur brune, elle allait être l’ancêtre des Indiens. Contemplant son oeuvre, il oublia de sortir la troisième ; cette figurine trop cuite, on le devine, était le premier Noir.

La culture a produit des cultures diverses qui n’arrivent pas toujours à faire bon ménage… Et qui voient parfois en l’Autre un être inférieur, plus proche de l’animal que de lui.

Les zoos humains et leurs variants

Les expositions coloniales furent organisées au XIX e  siècle et dans la première moitié du XX e  siècle dans les pays européens ( Première en France: 1906 à Marseille) Elles avaient pour but de montrer aux habitants de la Métropole les différentes facettes des colonies.

Les expositions coloniales donnaient lieu à des reconstitutions spectaculaires des environnements naturels et des monuments d’Afrique, d’Asie ou d’Océanie.

La mise en situation d’habitants des colonies, souvent déplacés de force, les fera plus tard qualifier de zoos humains 

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Sur le racisme et  l’ethnocentrisme…. 

La controverse de Valladolid

La controverse de Valladolid  : Tous les hommes sont-ils des hommes ?

La Controverse de Valladolid :

En 1550 , soixante ans après la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb, le roi d’Espagne, Charles-Quint, convoque une controverse(1) dans un couvent de Valladolid. Une question fondamentale va être débattue : les Indiens du Nouveau-Monde sont-ils des hommes comme les autres ? En conséquence, méritent-ils d’être traités comme des humains ou sont-ils nés pour être soumis ?

En présence d’un légat du pape, le cardinal Roncieri, d’un représentant de Charles-Quint et devant une assemblée attentive, le chanoine Sepulveda et le dominicain Las Casas s’opposent parfois violemment. Pour Sepulveda, il existe dans le monde des sous catégories d’humains, faites pour être dominées, les Indiens sont nés pour être des esclaves ; pour Las Casas , les Indiens sont des hommes, « nos frères », créatures de Dieu.

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Ce qu’il faut retenir de la controverse de Valladolid

La controverse de Valladolid illustre la position ethnocentrique de l’Europe à l’époque de la Renaissance et des grandes découvertes. Convaincus d’être des nations civilisées, les états d’Europe ont voulu imposer leur vision du monde et de Dieu au Nouveau Monde. Cette controverse illustre ce que disait Edgar Morin, à savoir que nous ne reconnaissons pas à tous les hommes le statut d’homme.

De l’ethnocentrisme au relativisme...

Qu’est-ce que le relativisme ? 

En simplifiant beaucoup, c’est l’idée qu’aucune culture ne peut être dite supérieure à une autre : chaque culture répond, par des moyens différents, à des problèmes différents. C’est l’idée défendue  par Levi-Strauss dans Race et Histoire .

Ce relativisme a toutefois des limites dont nous traiterons ensuite. 

Levi-Strauss

Claude LEVI-STRAUSS

Claude Lévi-Strauss, (1908-2009)  est un anthropologue et ethnologue français qui a grandement influencé les sciences humaines et sociales dans la seconde moitié du xxe siècle.  

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L’attitude la plus ancienne, et qui repose sans doute sur des fondements psychologiques solides puisqu’elle tend à réapparaître chez chacun de nous quand nous sommes placés dans une situation inattendue, consiste à répudier purement et simplement les formes culturelles : morales, religieuses, sociales, esthétiques, qui sont les plus éloignées de celles auxquelles nous nous identifions. « Habitudes de sauvages », « cela n’est pas de chez nous », « on ne devrait pas permettre cela », etc., autant de réactions grossières qui traduisent ce même frisson, cette même répulsion, en présence de manières de vivre, de croire ou de penser qui nous sont étrangères. Ainsi l’Antiquité confondait-elle tout ce qui ne participait pas de la culture grecque (puis gréco-romaine) sous le même nom de barbare ; la civilisation occidentale a ensuite utilisé le terme de sauvage dans le même sens. Or derrière ces épithètes se dissimule un même jugement : il est probable que le mot barbare se réfère étymologiquement à la confusion et à l’inarticulation du chant des oiseaux, opposées à la valeur signifiante du langage humain ; et sauvage, qui veut dire « de la forêt », évoque aussi un genre de vie animale, par opposition à la culture humaine. Dans les deux cas, on refuse d’admettre le fait même de la diversité culturelle ; on préfère rejeter hors de la culture, dans la nature, tout ce qui ne se conforme pas à la norme sous laquelle on vit. (…) Cette attitude de pensée, au nom de laquelle on rejette les « sauvages » (ou tous ceux qu’on choisit de considérer comme tels) hors de l’humanité, est justement l’attitude la plus marquante et la plus distinctive de ces sauvages mêmes. (…) Dans les Grandes Antilles, quelques années après la découverte de l’Amérique, pendant que les Espagnols envoyaient des commissions d’enquête pour rechercher si les indigènes possédaient ou non une âme, ces derniers s’employaient à immerger des blancs prisonniers afin de vérifier par une surveillance prolongée si leur cadavre était, ou non, sujet à la putréfaction. Cette anecdote à la fois baroque et tragique illustre bien le paradoxe du relativisme culturel (que nous retrouverons ailleurs sous d’autres formes) : c’est dans la mesure même où l’on prétend établir une discrimination entre les cultures et les coutumes que l’on s’identifie le plus complètement avec celles qu’on essaye de nier. En refusant l’humanité à ceux qui apparaissent comme les plus « sauvages » ou « barbares » de ses représentants, on ne fait que leur emprunter une de leurs attitudes typiques. Le barbare, c’est d’abord l’homme qui croit à la barbarie. Lévi-Strauss, Race et histoire (1952), chap. 3

Michel de montaigne Michel de Montaigne, (Michel Eyquem, seigneur de Montaigne), 1533- 1592 est un philosophe et moraliste de la Renaissance.

Dans ses Essais (1572-1592) il fait le projet de se peindre soi-même pour instruire le lecteur « Ce ne sont pas mes actes que je décris, c’est moi, c’est mon essence. » Il s’interroge sur l’homme et affirme que « Chaque homme porte la forme entière, de l’humaine condition. »

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« Or je trouve, pour revenir à mon propos, qu’il n’y a rien de barbare et de sauvage en cette nation, à ce qu’on m’en a rapporté, sinon que chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage. Comme de vrai, il semble que nous n’avons d’autre mire de la vérité et de la raison que l’exemple et idée des opinions et usances du pays où nous sommes. Là est toujours la parfaite religion, la parfaite police, parfait et accompli usage de toutes choses. Ils sont sauvages, de même que nous appelons sauvages les fruits que nature, de soi et de son progrès ordinaire, a produits : là où, à la vérité, ce sont ceux que nous avons altérés par notre artifice et détournés de l’ordre commun, que nous devrions appeler plutôt sauvages. […] Montaigne, Les Essais , XVI°

QUIZ NATURE

Fiche synthese nature..., quelques citations....

ALAIN (XX°)

« Chacun de nous est vêtu de la civilisation, il ne se connait point dans la nudité de l’animal ».

BACON (XVII°)

 “On ne commande à la nature qu’en lui obéissant.”  Bacon, Novum Organum , 1620, introduction.

DIDEROT (XVIII°)

“L’homme n’est qu’un effet commun, – le monstre qu’un effet rare ; tous les deux également naturels, également nécessaires ; également dans l’ordre universel et général…” Diderot, Le Rêve de D’Alembert , 1769 “Voulez-vous savoir l’histoire abrégée de presque toute notre misère ? La voici. Il existait un homme naturel : on a introduit au-dedans de cet homme un homme artificiel ; et il s’est élevé dans la caverne une guerre civile qui dure toute la vie.” Diderot, Supplément au Voyage de Bougainville , 1773  

HEGEL (XIX°)

Nier le donné naturel en soi »   et hors de soi  , c’est s’affirmer comme homme et comme un être humain qui ne répète pas ce qu’il est comme l’animal , qui ne laisse pas les choses telles qu’elles sont. Construire, c’est détruire; devenir, c’est cesser d’être ce qu’on est. » 

KANT (XVIII°)

“La nature, c’est l’existence des choses, en tant qu’elle est déterminée selon des lois universelles.” Kant, Prolégomènes à toute métaphysique future , § 14, trad. L. Guillermit, Vrin, 1986, p. 61.

LEVI-STRAUSS (XX°)

 « Le barbare, c’est l’homme qui croit à la barbarie » , Race et Histoire

MERLEAU-PONTY (XX°)

“Ce qui définit l’homme n’est pas la capacité de créer une seconde nature, – économique, sociale, culturelle -, au-delà de la nature biologique, c’est plutôt celle de dépasser les structures créées pour en créer d’autres.” Maurice Merleau-Ponty, La Structure du comportement , 1942, PUF, coll. Quadrige, 2000.

MONTAIGNE (XVI°)

« Chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage. Comme de vrai, il semble que nous n’avons d’autre mire de la vérité et de la raison que l’exemple et idée des opinions et usances du pays où nous sommes. Là est toujours la parfaite religion, la parfaite police, parfait et accompli usage de toutes choses. » Montaigne, Les Essais , (1580-1595), livre Ier, chapitre XXXI

MORIN (XX°)

“L’homme est un être culturel par nature parce qu’il est un être naturel par culture.” Edgar Morin (sociologue), Le paradigme perdu : la nature humaine , Seuil, coll. Points Essais, 1979, p. 222.

ROUSSEAU (XVIII°)

« Je ne vois dans tout animal qu’une machine ingénieuse, à qui la nature a donné des sens pour se remonter elle-même, et pour se garantir jusqu’à un certain point de tout ce qui tend à la détruire. J’aperçois précisément les mêmes choses dans la machine humaine avec cette différence que la nature seule fait tout dans les opérations de la bête, alors que  l’homme concourt aux siennes en qualité d’agent libre. »

SARTRE (XX°)

“Ce que nous nommons liberté, c’est l’irréductibilité de l’ordre culturel à l’ordre naturel.” Jean-Paul Sartre, Critique de la raison dialectique , 1960, Gallimard, p. 96.

SPINOZA (XVII°)

  “La Nature n’agit pas pour une fin ; cet Etre éternel et infini que nous appelons Dieu ou la Nature, agit avec la même nécessité qu’il existe.” Spinoza, Éthique , 1677, préface de la partie IV  “Cela appartient à l’essence de la chose, qui fait que, cela étant donné, la chose est donnée; et que cela étant ôté, la chose est nécessairement ôtée.”

Dissertations corrigés de philosophie pour le lycée

Catégorie : La nature

La nature, source inestimable de fascination et de réflexion, est un sujet central de la philosophie environnementale et métaphysique. Elle soulève des questions sur notre relation à l’environnement, sur la valeur intrinsèque de la nature et sur les responsabilités morales envers la planète. L’examen de la nature nous invite à contempler notre place dans l’univers.

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La nature est-elle hostile à l’homme ?

La nature peut apparaître à la fois comme une source de vie et une force potentiellement destructrice. Cette dualité soulève la question de savoir si elle représente une adversité pour l’homme. Interroger cette relation complexe permet d’approfondir notre compréhension de la place de l’humanité face à l’immensité du monde naturel.

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dissertation philosophique nature et culture

Y a-t-il une différence de nature entre l’homme et l’animal ?

La question de la distinction entre l’homme et l’animal est un sujet philosophique majeur. Cette dissertation se penchera sur cette problématique, en analysant les arguments qui soutiennent ou contestent l’existence d’une différence fondamentale entre ces deux entités.

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Sujets de réflexions philosophiques : La culture

mis à jour le 14/12/2012

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Cette ressource propose quelques sujets de réflexions et de dissertations philosophiques sur le thème de la culture.

mots clés : philosophie , culture , nature

La culture :

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dissertation philosophique nature et culture

Afin que vous compreniez mieux ce que l’on attend de vous dans une dissertation, voici un exemple de dissertation de philosophie. A chaque fois, je précise entre parenthèses juste après à quelle étape de la méthodologie de la dissertation cela correspond. Si vous ne l’avez pas lu, je vous invite à lire d’abord cet article sur la manière de bien commencer sa dissertation de philosophie ou si vous préférez la vidéo c’es t ici.

Sujet : « L’homme est-il à part dans la nature ? » (Exemple de dissertation de philosophie)

Petit rappel de la structure de l’introduction. Pour un exemple d’introduction de dissertation en vidéo c’est ici .

dissertation philosophique nature et culture

Introduction

Vinciane Despret, philosophe et psychologue, remarque combien les hommes sont enclins à se considérer eux-mêmes comme exceptionnels. Mais, à ses yeux, c’est oublier que nous sommes aussi de grands destructeurs ou si l’on peut dire des êtres particulièrement nuisibles pour les autres, pour nous-mêmes et pour la nature. Ce faisant, elle considère bien les hommes comme « à part » dans la nature, du moins par nos capacités de destruction. Mais, est-il réellement justifié de dire que nous sommes à part dans la mesure où nous restons dépend d’une nature qui peut également nous détruire en tant qu’espèce ? (Accroche qui propose une première réponse au sujet et formule un début d’objection ) Alors, l’homme est-il réellement à part dans la nature ? (Rappel du sujet) A première vue , et si l’on se fie à la manière dont les hommes se considèrent eux-mêmes depuis des siècles, l’homme est bien à part dans la nature car il serait doté de facultés exceptionnelles telles la conscience, un langage riche et articulé, une raison ou encore des cultures variées et complexes qui l’éloignent toujours davantage de la vie animale. Mais, notre tendance à nous considérer comme supérieurs, ne nous fait-elle pas oublier que notre espèce comme toutes les autres est le produit de l’évolution des espèces ? Ainsi, on pourrait dire que l’homme n’est pas particulièrement à part. L’être humain reste une espèce qui, par le fait du hasard, a développé une raison, une conscience de soi, autant de facultés qui sont devenues la norme chez l’homme car elles lui procurent un avantage et lui permettent d’étendre son influence ou peut-être son territoire. Ce mécanisme est le même pour toutes les espèces, pourquoi alors considérer l’homme comme à part ? (Problématique constituée d’une première réponse au sujet « A première vue », puis d’une objection à cette première réponse « Mais »). Nous verrons d’abord que l’être humain peut effectivement être considéré comme à part dans la nature. Puis, nous nous demanderons si cette idée que nous serions une espèce à part n’est pas une pure illusion. Enfin, nous envisagerons bien une spécificité humaine, mais qui au lieu d’être un privilège est plutôt une immense responsabilité. (Annonce du plan en 3 parties) .

Développement

Avant de rédiger le développement de l’exemple de dissertation de philosophie, petit rappel de la structure globale que doit avoir votre devoir. Le nombre des sous-parties est indicatif. Il doit y avoir au moins deux sous-parties par partie et pas plus de trois.

dissertation philosophique nature et culture

Attention, ci-dessous, je vais mettre des titres Première grande partie / premier paragraphe. Vous ne devez pas les mettre dans vos copies. Je les mets seulement pour que vous compreniez bien la structure. Afin que votre copie soit bien lisible, vous devez passer des lignes entre les grandes parties et revenir à la ligne + alinéa quand vous changez de paragraphe (ou sous-partie).

Première grande partie : l’homme est bien à part dans la nature

Premier paragraphe :.

L’être humain peut semble-t-il être considéré comme à part dans la nature car il est doté de facultés qui le rendent très différent des autres espèces. (Thèse générale du paragraphe qui répond au sujet) Certes, l’être humain appartient en un sens à la nature, car si l’on définit la nature comme l’ensemble de ce qui n’a pas été créé ou transformée par l’homme (définition de la nature) alors l’espèce humaine est bien naturelle. L’homme ne s’est pas créé lui-même, il est donc un être naturel au moins en partie. Mais, l’être humain à ceci de particulier que précisément il a cette capacité à transformer sa nature et à n’être pas totalement soumis à son instinct. Il peut se cultiver c’est-à-dire se transformer si bien qu’il peut devenir réellement très différent d’un autre être humain. (Argument formulé avec mes propres termes pour soutenir la thèse) Aux yeux de Rousseau, ce qui fait la spécificité de l’être humain par rapport aux autres espèces, c’est sa capacité à « se perfectionner ». (Utilisation d’une référence à Rousseau qui justifie la thèse, avec utilisation du vocabulaire de l’auteur). Il remarque ainsi qu’un être humain peut, par les choix qu’il fait, aussi bien devenir un très grand artiste, sportif ou savant, qu’un toxicomane. C’est d’ailleurs lui qui pose la question « Pourquoi l’homme, seul, est-il sujet à devenir imbécile ? » et il y répond que c’est parce qu’il est le seul à être libre, c’est-à-dire à pouvoir ne pas suivre un programme inscrit à l’avance dans ses gènes et qui décide de son mode de vie. Ce que l’on appelle communément un instinct. L’homme peut donc se perfectionner toute sa vie, là où l’animal va très rapidement cesser de changer dès lors qu’il est adulte. (Développement en utilisant les arguments que l’auteur utilise pour justifier sa thèse) Nous pouvons donc dire que l’homme est bien à part dans la nature, car il a cette capacité de se perfectionner que n’ont pas les autres espèces. (Retour au sujet : le but est de rappeler en quoi ce que l’on vient de dire répond au sujet)

(Suite à venir)

▶️ Je vous montre comment développer une sous-partie en vidéo ci-dessous :

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Une réflexion sur “  exemple de dissertation de philosophie rédigée  ”.

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Je trouve vos articles très intéressants. Dommage, quelques coquilles!!!

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Nature et Culture (fiche de révision)

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dissertation philosophique nature et culture

1. Quels sont les sens du mot « nature » ?

2. peut-on définir ce qu'est la nature , 3. la nature est-elle pensable en-dehors de la culture , 4. l'homme est-il un être de nature , 5. comment penser le rapport nature / culture , la citation, ajouter vos commentaires, poster un commentaire en tant qu'invité.

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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine

Sujet du bac philo corrigé – filière technologique : “La technique nous libère-t-elle de la nature ?”

Mort, maladies, catastrophes… La technique nous prémunit, au moins en partie, des agressions de la nature. En ce sens, elle nous émancipe. Pourtant, la technique peut aussi nous aliéner, en nous enfermant dans une logique d’exploitation du monde et de la nature. Pour dépasser ce problème, que les élèves de filière technologique ont été invités à interroger pour l’épreuve du bac, peut-être faudrait-il repenser de fond en comble notre rapport à la technique, non comme un outil de domination et un moyen de nous extraire de la nature, mais comme une manière de vivre en harmonie en son sein. C’est ce qu’avance l’agrégée de philosophie Apolline Guillot dans sa proposition de corrigé.

Proposition de correction : il s’agit ici de pistes possibles de traitement du sujet et non de la copie-type attendue par les correcteurs !

  • Auteurs : Descartes, Platon, Simondon, Heidegger
  • Concepts : technique, art, liberté

Introduction / Problématisation

L’homme fait partie de la nature : elle est son terrain de jeu et sa prison, dont il ne sort que lorsqu’il meurt – et encore, la mort elle-même fait partie de la nature. Par « nature », on entend ici l’ensemble des choses physiques, ainsi que les lois qui régissent leurs interactions. Impossible d’aller contre la gravité, le vieillissement des cellules ou encore un tremblement de terre.

Impossible, vraiment ? À mieux y réfléchir, on se rend compte que nous avons aujourd’hui la capacité de nous affranchir de certains processus « naturels ». Médecine, architecture, pesticides, fusées spatiales... Nombreuses sont les innovations qui aujourd’hui rendent possible un certain affranchissement de la nature. La technique a donc une fonction émancipatrice : elle permet à l’homme d’échapper à certaines contraintes, de repousser certaines limites.

Mais si l’on examine de plus près en quoi consistent nos dispositifs techniques, on se rend compte qu’ils dérivent soit de l’expérience ordinaire et de l’imitation de la nature, soit de la connaissance des lois de la nature. Dans tous les cas, ils s’appuient sur une connaissance du fonctionnement du monde pour construire un outil ou un système capable de produire des effets qui n’existaient pas auparavant. En bref : la technique fait jouer la nature contre son propre camp, la subvertissant à son profit. Là où il pensait se libérer de la nature, l’homme ne fait que la prolonger en l’utilisant dans ses outils. Jusqu’à l’exploitation.

Première partie / La technique comme moyen pour l’homme de se libérer de la nature

Si l’homme fait partie de la nature, ses relations avec cette dernière sont médiatisées par un troisième terme, l’outil . En effet, le seul usage de ses forces physiques le condamnerait à une mort certainement bien plus rapide qu’aujourd’hui, tant la nature l’a doté de peu de défenses naturelles.

C’est la leçon du mythe de Prométhée tel qu’il est raconté par Platon dans le Protagoras  : Épiméthée, le frère de Prométhée, oublie les hommes au moment de distribuer les qualités et dons physiques parmi les animaux. Inventer des prolongements de son corps, des moyens d’augmenter ses capacités naturelles ou des abris pour se protéger, sont autant d’activités qui ne sont pas simplement du « luxe », mais des moyens de survie !

On peut aller encore plus loin : être « libéré » des contraintes naturelles ne veut pas seulement dire « éviter la mort ». C’est donc pour améliorer la vie humaine que les sciences et les techniques se sont développées, comme l’affirme Descartes dans le Discours de la Méthode  : il serait criminel de ne pas mettre les progrès de la science au profit de l’humanité. En maîtrisant les lois qui régissent le monde, les hommes pourraient se rendre « comme maîtres et possesseurs de la nature » , afin de jouir d’un plus grand confort, mais surtout, de soigner leur corps.

Cependant, cette amélioration de la vie humaine est-elle pour autant une réelle « libération de la nature »  ? En effet, Descartes ne prétend pas s’affranchir des lois de la nature, mais bien de les exploiter au profit de l’humanité. Cette exploitation des lois de la nature peut amener à malmener la Nature dans son ensemble, comme équilibre fragile de forces que nous ne maîtrisons pas forcément.

Deuxième partie / La technique n’est pas outil de libération, mais d’asservissement 

Si nous avons jusqu’à présent parlé de la nature comme une collection de lois et de phénomènes, la nature renvoie également à un système complexe intégrant tous ces éléments. Cette approche globale de la nature comme équilibre de forces est intéressante car elle en fait un ensemble dynamique, et pas seulement un stock de ressources disponibles à exploiter.

En cela, la technique ne nous libère pas de la nature mais nous donne l’illusion de pouvoir y échapper alors même que nous en sommes toujours des parties. Certaines innovations techniques, en poussant à bout nos ressources ou en entraînant des effets encore mal maîtrisés sur notre santé, mettent en péril notre propre survie !

C’est l’effet pernicieux de la technique que dénonce Heidegger : elle repose sur une approche utilitaire du monde qui nous entoure, en nous en excluant à tort.

Cependant, lorsqu’on parle de « libération » de la nature puis d’« exploitation » de cette dernière, on a en tête un nécessaire rapport de force binaire qui se rapproche de ce que Hegel appelle la « dialectique du maître et de l’esclave » . Toute relation entre l’homme et la nature consisterait soit en un rapport de dominé à dominant, soit l’inverse.

Ne faut-il pas sortir de ce paradigme pour proposer une approche de la technique comme médiation harmonieuse entre l’homme et son environnement ?

Troisième partie / La technique se tient aux côtés de la nature et de l’homme

Plus que d’être simplificatrice, la dialectique de la libération et de l’asservissement est dangereuse. C’est en tout cas ce que suggère Gilbert Simondon dans Du mode d’existence des objets techniques . À ses yeux, la méconnaissance de la machine est la plus profonde cause d’aliénation dans le monde. Ce n’est pas en accusant les machines sans en comprendre le fonctionnement que nous serons capables de rendre nos technologies adéquates à nos valeurs humaines.

En opposant radicalement technique et nature, nous faisons de la technique un domaine à part de la culture humaine, et nous lui retirons le droit d’être porteuse de valeurs, de vision, et de significations propres.

Simondon propose une voie de réconciliation entre l’homme, la nature et son environnement technique. Selon lui, l’homme a pour fonction d’être le coordinateur et l’inventeur permanent des machines qui opèrent avec lui. Loin d’être un maître ou un esclave, il est le chef d’orchestre qui fait fonctionner main dans la main ses objets techniques et la nature.

La question de savoir si la technique libère l’homme de la nature comporte plusieurs dangers que nous avons identifiés. Si en effet nous avons pu voir que la technique libérait l’homme de certaines contraintes naturelles, il ne faut pas oublier que l’homme, tout comme les outils, sont des parties d’un système unique, la Nature. Cet oubli peut conduire à des débordements, notamment à une exploitation de la nature qui se retourne contre l’homme et l’asservit à son tour, le mettant en danger de mort ou d’extinction globale. Nous avons enfin choisi de nous distancier de cette opposition binaire et de considérer la technique comme l’une des manières qu’a l’homme d’habiter le monde. On se rend compte alors que cette dernière, en s’intégrant dans nos vies quotidiennes et en transformant notre environnement, véhicule elle aussi des valeurs et des significations culturelles.

Retrouvez l'ensemble des corrigés de l’épreuve du Bac philo 2021 :

➤ filières générales :.

  • Discuter, est-ce renoncer à la violence ?
  • L’inconscient échappe-t-il à toute forme de connaissance ?
  • Sommes-nous responsables de l’avenir ?
  • Commentaire de texte : De la division du travail social (1893) d’Émile Durkheim.

➤ Filière technologiques :

  • Est-il toujours injuste de désobéir aux lois ?
  • Savoir, est-ce ne rien croire ?
  • La technique nous libère-t-elle de la nature ?
  • Commentaire de texte : Le poète et l’activité de fantaisie (1907), de Sigmund Freud .

Expresso : les parcours interactifs

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Comment apprivoiser un texte philosophique ?

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Fiche de cours : nature et culture en philosophie 🍃

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Tu es une force de la nature ? On va voir si tu es capable de survivre à tes cours de philosophie ! Essence d’une personne ou parfait opposé de la culture, la notion de nature et culture possède de nombreux sens différents . Pour t’aider à tout déchirer à ton examen, on te l’explique de A à Z grâce aux pensées de philosophes étudiés en classe. Prêt ? C’est parti ! 🚗

Comment définir la nature en philosophie ? 🤔

Dans le programme de Terminale, la nature est un objet d’étude qu’on peut rattacher à trois notions clés : la production immatérielle, l’ordre en tant que système et l’essence 👇

La nature en philosophie définition 🌱

Pour que tu comprennes ces idées facilement, on t’a sélectionné les sens que le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales donne au mot « nature » en philosophie.

NotionDéfinitionSource
Les attributs de la nature sont la fécondité et la nécessité.Principe (caché, immatériel) de production et de génération.

Étienne Gilson, L'esprit de la philosophie médiévale (1932)

La nature désigne la nature des choses.

Ordre nécessaire ou gouverné par une finalité.

Maximilien Robespierre, Discours sur la guerre (1792)

La nature est un principe normatif découlant de l'essence humaine.

Ensemble des caractères qui définissent l'homme, considérés comme innés, comme indépendants à la fois des déterminations biologiques et des déterminations sociales, historiques, culturelles.

Maine de Biran, Journal (1817)

✅ Récapitulatif : lorsqu’on te dit qu’une personne est une force de la nature, ça implique qu’on parle de son caractère et donc de son essence. La nature est aussi ce qui s’oppose à la culture . Tu es un produit de la nature tandis que la culture est un produit de l’homme. C’est pour ça qu’on te parle de « culture artificielle » ! 😉

À lire aussi

🚫 Découvre ce qu’est la cancel culture !

La nature dans la pensée philosophique 🧑‍🏫

👉 En classe, tu seras amené à parler d’ Aristote , le pionnier de la métaphysique, la science qui étudie ce qui est au-delà de la nature.

Ce philosophe et polymathe grec de l’Antiquité a introduit la notion de « physis », souvent traduite par le terme « nature » ​​en français. Elle fait référence à l’ensemble des principes qui permettent aux êtres vivants et aux choses matérielles d’exister et de se développer selon leurs propres principes 🤝

S’il n’y avait pas d’autre essence que celles qui sont constituées par la nature , la physique serait la science première .

Métaphysique

D’après Aristote , la physis est une force interne qui anime toutes les créatures vivantes et qui leur permet de se reproduire et de se mouvoir. Cette énergie serait inscrite dans leur essence même et serait à la base de la philosophie aristotélicienne !

↪️ Idées clés de la notion

  • Elle s’intéresse à l’étude des formes de vie
  • Elle étudie la façon dont les hommes vivent dans leur environnement naturel
  • Les hommes sont des entités qui ont des capacités qui leur sont propres

Pour Aristote, la physis est en opposition à la « tekhnè » qui n’est pas considérée comme naturelle puisqu’elle implique une intervention de l’homme sur la matière brute pour la transformer en quelque chose de différent ⛏️

💡 Le savais-tu ?

Le mot « tekhnè » (ou technè) désigne l’ensemble des activités humaines visant à transformer la nature pour répondre à des besoins ou des fins pratiques.

📚 Découvre 7 termes français issus de mots d’origine grecque !

Les problématiques et enjeux liés à ces distinctions 📚

Quand tu as un contrôle de philosophie de prévu, dis-toi  que tu peux tomber sur n’importe quel sujet de dissertation mais que la notion de nature te sera toujours utile . Ce concept est si large qu’il regroupe beaucoup de pensées philosophiques utiles ✌️

↪️ Exemples de problématiques

  • Peut-on se donner comme règle morale de suivre la nature ?
  • L’homme est-il une espèce naturelle ?
  • La notion de nature humaine est-elle contradictoire ?
  • Avons-nous des devoirs envers la nature ?

Pour réussir ta dissertation, pense à définir les termes de ton sujet. En connaissant les sens philosophiques du mot nature, tu dégageras plus facilement les enjeux liés à la problématique donnée. Est-ce qu’on te parle de la nature comme essence ? À toi de le découvrir ! 💫

Si ton sujet se prête à la question de l’écologie, tu peux t’appuyer sur les devoirs moraux que les humains ont envers la nature. Ça te permettra d’expliquer dans ta copie que le concept de nature est large et implique l’avis de quelques-uns de tes philosophes préférés. Tu ignores leurs idées ? On t’en parle tout de suite ! 👇

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La question de la relation entre nature et culture 🫂

La nature et les lois physiques 🌿.

Impossible de parler de la relation entre nature et culture sans évoquer René Descartes ! Pour ce philosophe français, la nature est constituée de corps matériels qui obéissent à des lois physiques . Ça te rappelle la métaphysique d’Aristote, avoue ? 😎

↪️ Les lois de la nature

  • La nature est régie par des principes universels
  • Les lois de la nature s’appliquent à toutes les créatures vivantes

En revanche, la culture est selon Descartes le domaine de l’esprit et de la liberté humaine. Elle se distingue de la nature parce qu’elle est créée par les humains ET pour les humains.

  • Que faut-il en retenir ? 💥

La culture est l’ensemble des productions de l’esprit humain comme les œuvres d’art , les langues ou encore les traditions. Contrairement à la nature, la culture est soumise à ta volonté et tu peux la transformer en fonction de tes choix.

Remarque : la distinction entre nature et culture de Descartes a eu une influence considérable sur la pensée philosophique moderne puisqu’elle sépare de façon nette le domaine de la science et celui des humanités.

🧠 Découvre la notion d’ inconscient en philosophie !

La culture comme négation de la nature ❌

Attaquons-nous à l’avis de Jean-Jacques Rousseau maintenant. Pour cet écrivain, philosophe et musicien genevois, la culture est une négation de la nature parce qu’elle impose des contraintes artificielles aux hommes. En clair, elle les éloignerait de leur état naturel et de leur liberté ! 🕊️

La culture peut étouffer les instincts naturels des individus lorsqu’ils sont soumis à des normes et des conventions sociales. Si ces normes ne sont pas en accord avec leur nature profonde, elles sont ce qu’on appelle des « règles artificielles ».

👉 Rousseau n’est d’ailleurs pas le seul à considérer la culture comme une négation de la nature. Diderot partage également cet avis lorsqu’il oppose l’état sauvage de l’homme à sa condition civilisée 🐯

La culture réprime les passions naturelles des humains et les soumet à des règles arbitraires. Encore une fois, ils se retrouvent soumis à des contraintes sociales et culturelles.

👨‍⚖️ Fiche de cours : la justice en philosophie !

La culture comme création de l’homme 🌞

En philosophie, tu es obligé de croiser des opinions divergentes ! Quand Rousseau et Diderot parlent de la culture comme négation de la nature, sache que leur avis n’est pas partagé par TOUS les philosophes (et c’est bien normal) 🙅

L’avis de Rousseau et Diderot est souvent critiqué à cause de son penchant pour l’essentialisme . Ce mode de pensée désigne « toute philosophie qui affirme le primat absolu de l’essence sur l’existence ».

Des philosophes comme Hegel et Marx se sont écartés de cette conception de la nature et ont cherché à montrer que la culture est une création de l’homme. Cette création s’inscrirait selon eux dans une évolution historique et pourrait être comprise comme une forme de médiation entre l’homme et la nature .

Dépourvu d’une culture avec laquelle on puisse s’identifier, on est réduit à l’absolu nécessaire de la vie.

Adriaan Peperzak

Hegel et la culture moderne

L’opposition entre la nature et la culture 💥

Du côté de Claude Lévi-Strauss, célèbre anthropologue français , tu seras peut-être amené à étudier La pensée sauvage (1962) et Les structures élémentaires de la parenté (1955) 😎

La Pensée sauvage est un classique de l’ethnologie contemporaine. Il aborde les mythes, les rites, les croyances et les autres faits de culture qui sont comparables à ceux que la nature engendre sous d’innombrables formes (minérales, végétales, etc.) 🌱

👉 Selon Lévi-Strauss, l’opposition entre la nature et la culture n’est pas absolue parce qu’il n’existe pas de sociétés humaines entièrement « naturelles » ou entièrement « culturelles ». Il voit plutôt la culture comme un moyen de donner un sens à l’existence des humains.

Pour comprendre clairement la distinction entre ces deux ordres, checke ce tableau ! 👇

OrdreExplications
La culture

C’est un système symbolique de représentations qui permet aux individus de s'approprier le monde qui les entoure et de le comprendre.

La nature

C’est un ensemble de données qui ne possède pas de sens ou de significations et qui est construit à partir de la nature.

✅ Récapitulatif : l’opposition entre nature et culture se traduit donc chez Lévi-Strauss par une tension entre deux modes. Tu as d’un côté le mode de la pensée sauvage, qui prévaut l’observation des phénomènes naturels, et le mode de la pensée domestique, qui s’appuie sur des catégories symboliques pour donner un sens au monde 🌐

Dans Les structures élémentaires de la parenté , le deuxième ouvrage qu’on te conseille d’étudier (si ce n’est pas déjà fait !), Lévi-Strauss explique que cette opposition correspond à une construction symbolique entre nature et culture qui varie selon les sociétés 🙋‍♂️

Les règles matrimoniales, c’est-à-dire l’ensemble des dispositions concernant les rapports patrimoniaux entre époux , permettraient de structurer les relations entre les individus.

La culture comme prolongement de la nature 🌳

Si tu as déjà entendu parler du philosophe Henri Bergson en cours, c’est normal ! Selon lui, la culture est le fruit d’une évolution qui s’inscrit dans la continuité de la nature et non pas comme une rupture ou une négation de cette dernière 😊

📚 Les idées et avis de Bergson

  • La nature est un ensemble de forces vitales en mouvement perpétuel qui sont régies par des lois d’évolution propres à chaque espèce vivante.
  • La culture prolonge ce mouvement à travers l’activité créatrice de l’homme.

En clair, ça signifie que la culture serait une extension naturelle de la vie ! La culture se développerait à partir d’une accumulation de savoir-faire et de techniques qui permettent à l’homme de maîtriser son environnement et d’améliorer ses conditions de vie 🥰

⚠️ Attention, cependant !

Selon Bergson, la culture n’est pas qu’une continuation de la nature. Elle implique un dépassement et une transformation de celle-ci. La culture t’aide à transcender les limites de ton corps quand tu développes tes capacités intellectuelles.

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La question de l’écologie et de l’environnement 🌲

Dans le programme de Terminale, tu peux rencontrer trois notions : l’écologie profonde, l’écologie sociale et l’écologie politique . On te les explique grâce à trois auteurs et philosophes contemporains ! 💫

L’écologie profonde 🌻

  • Arne Naess : Écologie, communauté et style de vie

Arne Naess est à l’origine de la distinction entre « écologie profonde » et « écologie superficielle » . Pour suivre les traces de grandes figures comme Spinoza et Gandhi, Næss a  défini sa propre conception de l’écologie profonde.

↪️ Les deux types

  • L’écologie superficielle : elle ne cherche que la préservation des ressources en vue du développement des pays riches.
  • L’écologie profonde : elle cherche à créer entre l’homme et la nature une relation profonde qui irait bien au-delà d’une simple limitation des dégâts écologiques ou de la préservation des espaces sauvages.

L’écologie sociale 👨‍👩‍👦

  • Murray Bookchin : Qu’est-ce que l’écologie sociale ?

Dans son œuvre, Murray Bookchin explique que les problèmes écologiques découleraient principalement de problèmes sociaux liés à des formes de hiérarchie et de domination. On pourrait accéder à une nature idéale en mettant en place une société morale, solidaire et guidée par la raison.

La domination qu’exercent les riches sur les pauvres […] se prolonge dans la domination que les sociétés […] exercent sur leur environnement.

Murray Bookchin

Essayiste écologiste

Cette théorie philosophique et politique prône le « communalisme », une société basée sur la localité et la représentation politique , comme nouvelle organisation sociale. Tu vois ainsi que ce système s’oppose au capitalisme !

L’écologie politique 🧑‍💼

  • Bruno Latour et Nikolaj Schultz : Mémo sur la nouvelle classe écologique

Affolés quant au désastre écologique en cours, ces deux auteurs pointent du doigt dans leur livre l’impuissance des politiques en place. Ce livre t’amène à réfléchir sur le rapport entre politique et nature , deux notions sans doute pas si éloignées que ça. Tu en dis quoi ? 🤔

L’écologie doit accepter de donner un sens nouveau au terme de classe .

Bruno Latour et Nikolaj Schultz

Mémo sur la nouvelle classe écologique

Selon Bruno Latour et Nikolaj Schult, le monde politique doit repenser le pouvoir et l’alliance possible de la « classe écologique » avec la classe ouvrière . Les multiples conflits qui ont lieu entre les classes impliquent une dispersion sociale. Il faudrait redéfinir les processus par lesquels les sociétés « se reproduisent et continuent d’exister ».

La cerise sur le gâteau 🧁

Tu ne trembles plus quand on te parle de nature en philosophie ? Parfait ! Il ne te reste plus qu’à prendre des notes pour mémoriser les points clés de cette leçon et cartonner à ton contrôle. Si tu es encore fébrile en parlant de l’avis de tes auteurs favoris, prends des cours de philosophie avec un Sherpa ! 🚀

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Corrigés Bac philo 2011 - série S

Corrigés Bac philo 2011 – série S

Des profs de philo ont planché comme vous sur les sujets du bac philo. Découvrez ici le fruit de leur réflexion…

Sujet de dissertation n°1 : La culture dénature-t-elle l’homme ?

Le troisième présupposé , à travers le concept de dénaturation, consiste à sous-entendre une supériorité présumée d’une nature humaine , l’homme considéré dans son essence, sur une définition de l’homme en constante évolution du fait que l’homme est un être historique, ancré dans le temps et l’espace.

A partir de ces présupposés, il s’agit de s’interroger sur le rôle et la fonction de la culture comme processus et pas seulement comme contenu de discours et de productions intellectuelles, symboliques et artistiques dans une éventuelle définition de l’homme comme membre d’une espèce ( et bien évidemment pas comme individu sexué par opposition à la femme).

Ecueils à éviter :

Identifier le sujet à une opposition nature-culture pour montrer comment les deux notions de « nature » et « culture » seraient par définition antagonistes ( mais à partir de quelles définition). Confondre la culture comme processus d’acquisition de règles, de symboles (linguistiques et religieux), de formes artistiques et les cultures comme réalisations spécifiques dans un temps et un espace donnés de ce processus . Lire le sujet comme s’il s’agissait de montrer au contraire la supériorité de la culture sur une définition a priori de la nature réduite à tort à un état primitif. Confondre culture et civilisation et nature et concept rousseauiste « d’état de nature » qui n’est pas une donnée historique mais une fiction méthodologique, une hypothèse pour comprendre comment se fait l’entrée de l’homme dans la culture.

Enjeux du sujet :

Il est demandé une réflexion sur ce que vaudrait une définition de la nature de l’homme par rapport au processus de formation ou d’acquisition d’une culture. Reformulation possible du sujet : le processus de formation, d’acquisition de connaissances, d’adaptation à un environnement social, symbolique, artistique est-il facteur de déperdition de ce qui définit l’homme ? L’entrée dans la culture se paie-t-elle d’une perte des caractéristiques de l’être humain ou révèle-t-il au contraire pleinement son humanité ? La nature de l’homme ne consiste-t-elle pas à ne pas en avoir , à ne pas être assignée à une définition présupposée ?

Proposition de plan :

Les actes de barbarie qu’a connus le XXè siècle à travers les totalitarismes et les génocides nazis et communistes peuvent à bon droit nous faire douter des bienfaits de la culture ou de la civilisation. Comment expliquer que ces atrocités qui remettent en cause l’idée même d’humanité , au point qu’elles sont l’objet de qualifications pénales imprescriptibles, les « crimes contre l’humanité », aient été commises par des nations , allemande et russe, qui pouvaient se prévaloir d’une longue et riche « culture » ? La culture dénature-t-elle l’homme en lui ôtant ce qui le caractérise, en le faisant entrer dans la barbarie et l’inhumanité ? Mais qu’entend-on par « la culture » ? est-elle identiques aux cultures comme réalisations spécifiques du processus d’apprentissage de règles, de mœurs, de langues et de savoirs qu’on peut appeler la culture ? Peut-on proposer une définition préalable de la « nature »  de l’homme que la démarche d’acculturation viendrait ruiner ou faire disparaître ?

Si la culture dénature l’homme, c’est qu’il est possible de produire une définition satisfaisante de ce qui fait l’humanité de l’homme (I). Or, la nature de l’homme comme être historique et perfectible signifie que la définition présumée d’une nature humaine antérieure à la culture et en principe différente n’est pas soutenable. Loin de dénaturer l’homme, la culture le révèle à sa véritable nature qui est de ne pas être réductible à une définition objective mais d’être un être libre, contingent, capable aussi bien de se perfectionner que de produire les conditions de sa destruction. (II)

I. Est-il possible de produire une définition satisfaisante de l’homme que la culture viendrait faire disparaître ?

A. La recherche de caractéristiques essentielles de l’homme :

a) la tentative des philosophies médiévales scolastiques :

Les philosophes du Moyen-Age héritiers d’Aristote ont tenté de produire une définition de la « nature humaine » qui possède les caractéristiques d’une définition : recherche de critères objectifs, de qualités irréductibles à l’objet à définir, de marques substantielles nécessaires, prévisibles et universelles. Voir la querelle au Moyen-Age des « universaux » pour qui l’homme peut être appréhendé par des catégories universelles , générales indépendantes «des hommes » qui n’en sont que des exemplaires . La nature de l’homme est ainsi d’être un animal raisonnable

b) les limites d’une définition de la « nature humaine » :

Abélard, philosophe « nominaliste » au XIIè siècle montre qu’il n’ya que des individus, des « hommes » qui possèdent la forme de l’humanité. De même, Descartes dans la deuxième des Méditations métaphysiques rejette la définition de l’homme comme « animal raisonnable » «  car il faudrait après rechercher ce que c’est qu’animal, ce que c’est que raisonnable, et ainsi d’une seule question nous tomberions en une infinité d’autres plus difficiles et embarrassées »

B. La définition présumée de l’homme suppose que la dénaturation par la culture soit artificialisation : l’homme cultivé serait une homme « artificiel » :

a) la tentation de confondre définition de l’homme et définition d’un objet :

Définir la nature de l’homme autrement dit son essence suppose qu’on puisse donner de l’homme une définition immuable, qui en saisisse les caractéristiques, la substance, comme on définit un objet mathématique ( un triangle comme une figure géométrique à trois côtés).

b) tentation de confondre nature de l’homme et homme à l’état de nature :

Si la culture dénature l’homme, c’est qu’il y aurait un processus par lequel l’homme « sortirait » d’un état, l’état de nature pour « entrer » dans l’état cultive. Un tel état est-il historique ? l’homme naturel serait-il un homme primitif, préhistorique ? Rousseau, dans le Discours sur l’origine et les fondement de l’inégalité parmi les hommes, construit une hypothèse de travail, une supposition pour comprendre comment se construit la culture en lien avec la fondation d’une société et ne donne aucune référence historique à « l’état de nature » dans lequel serait l’homme « avant » la culture.

II. Loin de dénaturer l’homme, la culture le révèle à sa véritable nature d’être contingent et historique :

A. La culture est possible comme processus de formation de l’homme du fait qu’il est perfectible :

a) la perfectibilité, condition de la réalisation continue de la nature de l’homme :

Rousseau, dans le Discours sur l’origine…, distingue l’homme de l’animal à travers le concept de perfectibilité, « faculté qui, à l’aide des circonstances, développe successivement toutes les autres, et réside parmi nous tant dans l’espèce que dans l’individu, au lieu qu’un animal est, au bout de quelque mois, ce qu’il sera toute sa vie. » b) la nature de l’homme est d’être inscrit dans le temps et la culture est bien ce développement de sa nature dans le temps et l’espace :

La raison se perfectionne comme les passions au contact du monde et des autres et le processus d’humanisation et de formation ( au sens allemand de Bildung ) suppose un être temporel et historique Cf. Kant, Réflexions sur l’éducation

B. La véritable nature de l’homme est de ne pas en avoir, d’être par la culture l’auteur de ce qu’il est comme de ce qu’il refuse à être :

a ) l’ambivalence de la culture :

L’humanisation est possible par la nature de l’homme d’être contingent et non nécessaire ( comme une idéalité mathématique dont on conçoit une définition) Le processus de formation ou de culture concerne l’individu inscrit dans une histoire et la tragédie de l’histoire vient de ce qu’il est possible de produire de l’humainité comme de l’inhumanité.

c)la chute dans la barbarie comme dénaturation de l’humanité, au sens d’une perte de la valeur de l’homme appelé à se cultiver et à construire une culture :

cf. les réflexions d’H.Arendt sur Les origines du totalitarisme  et Levi-Strauss dans Race et histoire : c’est l’hégémonie d’une culture sur une autre et le présupposé d’une « nature » humaine identifiée à la race qui dénature l’homme par nature être perfectible mais aussi capable de défigurer et de se défigurer dans la « banalité du mal » ( Arendt)

Conclusion :

Se demander si la culture dénature l’homme, c’est donc interroger la possibilité et les risques d’une définition stable et identique de l’homme par rapport à laquelle le risque d’exclusion ou d’extermination d’un « non-homme » est possible . La dignité comme le tragique de l’humanité de l’homme viennent de ce qu’il est toujours appelé à respecter la dignité et l’humanité en lui et en l’autre comme il est capable de les nier.

Sujet de dissertation n° 2 : Peut-on avoir raison contre les faits ?

Proposition de plan : « Les faits sont têtus » disait Lénine, entendant par là que les décisions ou actions humaines devaient prendre en compte des réalités naturelles et historiques sans espérer pouvoir les modifier ou les remettre en cause. Est-ce à dire que les faits nous donnent toujours tort ou « peut-on avoir raison contre les faits » ? Il faut d’abord s’entendre sur ce que l’on entend par « faits » car l’expression est trop large pour être satisfaisante : s’agit-il des faits bruts , des données naturelles ou matérielles, des faits empiriques, des faits expérimentaux ou scientifiques ou encore des faits historiques ? D’autre part, « avoir raison » signifie-t-il croire détenir une vérité conçue comme opinion vraie ou construire un jugement vrai par la raison ou l’entendement ? Nous verrons donc à quelles conditions les faits, dans leur apparente réalité immédiate, dans leur empirisme, paraissent s’imposer à la raison (I) pour mieux distinguer de quels types de faits il s’agit et montrer que ces faits bruts ne peuvent produire par eux-mêmes de vérité et que les faits qui permettent d’avoir raison contre « les faits » immédiats sont les faits scientifiques qui sont la base d’un jugement vrai (II).

I. Les faits dans leur apparente réalité immédiate paraissent s’imposer à la raison contrainte de les reconnaître : A. Les faits comme données empiriques possèdent une évidence immédiate : a) « c’est un fait » c’est-à-dire cela s’impose comme donnée brute indiscutable : Le sens commun attribue au fait une évidence telle qu’elle ne peut être remise en cause, parce qu’elle renvoie à ce qui est immédiatement perçu sans être abstrait ou élaboré intellectuellement. Le fait se constate comme tel, tautologiquement, sans que l’opinion s’interroge sur sa vérité ni sa nature ( est-ce synonyme d’un phénomène naturel, d’une donnée d’ l’expérience commune, d’une perception , d’une sensation partagée ?….)

b) les faits comme réalité perçue et vécue semblent au point de départ du travail de connaissance : Toute connaissance part de l’expérience affirme Hume dans l’Enquête sur l’entendement humain et rien donc ne peut la remettre en cause. Sans les faits, pas de vérité scientifique possible car ils sont des données de l’expérience par laquelle je saisis le monde. Je ne peux donc avoir raison contre les faits car ce sont les faits empiriques qui sont à la base de la connaissance vraie.

B. « les faits me donnent raison » ou comment les faits sont la preuve de « ma vérité » : a) les faits d’expérience qui entendent valoir comme preuves : Le rapport au vrai se confond avec la saisie immédiate du réel par la perception. Cf . le philosophe anglais Berkeley pour qui « être, c’est être perçu ». Parce que les idées seraient subjectives et élaborées différemment selon chacun, là où les faits seraient immédiatement perceptibles, les faits seraient en eux-mêmes critères de vérité. Les faits ne pourraient avoir tort.

b) avoir raison à partir des faits et grâce aux faits suppose une vérité subjective possible produite à partir de faits non interrogés : Ce sont des faits indiscutables qui me donnent raison : est-ce pour autant possible qu’une vérité soit personnelle et impossible à prouver ou à remettre en cause ? Si les faits renvoient à la perception de données brutes, la raison n’a-t-elle aucun rôle dans la recherche de la vérité ?

II. La distinction entre faits empiriques immédiats et faits scientifiques est nécessaire pour comprendre comment avoir raison contre les premiers ( faits empiriques) grâce aux seconds (faits scientifiques) : A. Les conditions de construction d’un fait scientifique :

a) l’opinion ne « pense pas », elle est un « obstacle à la connaissance » des faits scientifiques qui sont construits par la raison : Les faits scientifiques s’opposent aux faits empiriques, d’expérience car ils sont le fruit d’un questionnement sur les faits immédiatement perçus. Les faits bruts sont trompeurs, me donnent tort en me faisant commettre des erreurs car je confonds ce que je perçois avec ce qui est, ce qui me semble vrai avec ce qui est vrai, ce que je crois par opinion avec ce que je juge par raison.

b) en science, « rien n’est donné, tout est construit » ( Bachelard) Dans La formation de l’esprit scientifique, Gaston Bachelard montre qu’avoir raison , c’est produire un jugement en renversant l’opinion, c’est-à-dire construire par l’entendement des faits qui viennent expliquer et étayer une hypothèse scientifique. On ne peut avoir raison en suivant des faits non interrogés ni construits car avoir raison, c’est construire un jugement sur des faits vérifiables et vérifiés.

B. Avoir raison contre les faits, c’est donc bien construire un jugement vrai en remettant en cause les faits bruts au profit de la construction de faits expérimentaux ou scientifiques qui valident une hypothèse :

a) la construction de la connaissance vraie par la démarche expérimentale : renverser les faits bruts pour élaborer des faits scientifiques facteurs de vérité : la démarche scientifique qui permet « d’avoir raison » c’ est-à-dire d’être dans le vrai suppose une démarche en trois étapes : le fait polémique ou fait-problème qui amène à s’interroger sur la non-coincidence entre ce qui est observé et ce que la théorie jusque là admise acceptait comme vrai, l’élaboration rationnelle d’une hypothèse explicative et la validation ou invalidation de cette hypothèse par la fabrication d’un fait expérimental.

b) les faits donnent raison à une hypothèse d’intelligibilité à l’issue d’une méthode ou démarche scientifique. Avoir raison contre les faits revient donc à donner tort aux faits d’expérience immédiate, d’opinion, remis en cause par le questionnement de la démarche scientifique.

Conclusion : Il est possible en droit d’avoir raison contre les faits et c’est même ce qui caractérise la démarche scientifique si l’on comprend que les faits sur lequel repose un jugement vrai sont des faits construits rationnellement, par une méthode de vérification d’hypothèses préalables. Mieux vaut donc avoir raison contre les faits empiriques, donnés, immédiats que tort en se fiant à ces faits non-questionnés et donc trompeurs.

Sujet n° 3 : commentaire de texte – Extrait des Pensées de Pascal

l.9-11 : généralisation de l’analyse à toutes les conditions sociales : les rapports intéressés entre les hommes sont supérieurs aux relations authentiques et sincères .

l.11-16 : ce n’est pas seulement les rapports de pouvoir qui instaurent l’hypocrisie mais l’ensemble de la vie humaine , de la vie sociale et affective ( relations amicales) qui est fondée sur la tromperie car en dernier lieu, l’égoïsme l’emporte .

l.17-20 : l’analyse de la tromperie dans les relations humaine renvoie à une détermination anthropologique : la nature de l’homme ( après le péché originel) est fondée sur l’injustice, le mensonge à soi-même et aux autres car l’intérêt l’emporte sur toute recherche du vrai.

Quelques questions à mettre en valeur dans le texte : Comment comprendre que l’amour-propre et l’intérêt gouvernent les relations humaines ? n’y a-t-il pas de place pour des sentiments moraux fondés sur la reconnaissance d’autrui dans sa dignité ? ( commenter dans la première partie la logique de l’intérêt individuel ( « utile », « désavantageux », « les princes aiment mieux… », « avantage »….)

Peut-on se faire aimer des autres sur un malentendu ( en fait, nous les haïssons) et une société est-elle constituée dans la durée sur l’hypocrisie sans risque de conflit ?

En quoi l’analyse de Pascal s’explique-t-elle par son approche chrétienne de l’homme « misérable » tant qu’il n’a pas été racheté et sauvé par la foi ? Peut-il y avoir un refus délibéré de dire et de reconnaître la vérité ?

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dissertation philosophique nature et culture

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La culture : introduction Cours

La culture est un terme qui présente des sens multiples, tous dérivés du sens premier de « culture de la terre ». La culture est le propre de l'homme : elle fait partie de son évolution et de sa définition. Il faut également s'interroger sur les cultures au pluriel, car il en existe une grande diversité.

La tension de l'homme entre nature et culture

La différence entre nature et culture chez l'homme.

La culture peut d'abord se comprendre comme ce qui s'oppose à la nature. Il y aurait dans l'homme :

  • d'un côté ce qui relève du naturel, c'est-à-dire ce qui serait inné ;
  • d'un autre côté ce qui relève de la culture, c'est-à-dire d'un apprentissage.

Le mot « culture » vient du verbe latin cultura , qui se traduit par «  cultiver   »  ou  «   habiter   » . Il désigne avant tout l'action de cultiver la terre . Par la suite, le terme a pris un sens plus large : il désigne l'ensemble des activités humaines qui s'écartent des simples déterminismes naturels et qui sont issues de la réflexion. La culture est donc ce qui s'oppose à la nature   : c'est ce qui est acquis.

La nature, c'est tout ce qui est en nous par hérédité biologique ; la culture, c'est au contraire tout ce que nous tenons de la tradition externe.

Claude Lévi-Strauss cité par Georges Charbonnier

Entretien avec Lévi-Strauss , Paris, éd. UGE, coll. « 10/18 »

Dans cette citation, Lévi-Strauss met en évidence les types d'héritages que reçoit l'homme. D'un côté l'héritage biologique, qui se fait indépendamment de l'homme, de l'autre, l'héritage culturel, qui suppose une activité d'apprentissage.

Il y a donc une distinction entre les lois de la nature et les règles sociales et culturelles : les premières ne sont pas apprises, tandis que les secondes sont liées à la pratique et à l'obéissance aux règles.

L'homme entre instinct et intelligence

La culture serait alors ce qui distingue l'homme des autres êtres vivants.

En effet, alors que le comportement des animaux serait entièrement régi par l'instinct, l'homme est bien plus déterminé par son intellect et la culture qui en découle. Le cas du langage illustre bien cette différence. Certes, les animaux possèdent une forme de langage instinctif, mais celui-ci se distingue radicalement du langage humain par son caractère limité et déterminé.

L'abeille butineuse peut indiquer à ses congénères, par un ensemble de mouvements déterminés, la distance et la direction de ses trouvailles. Mais il lui est impossible de créer une nouvelle signification, ni de répondre autrement à ce signal qu'en se dirigeant vers ces trouvailles. Cette communication relève donc de l'instinct.

À l'inverse, les hommes peuvent inventer des phrases qui n'ont jamais été prononcées et réagir de la manière qu'ils veulent aux propos de leur interlocuteur. Cette communication relève donc de l'intelligence.

L'instinct renvoie à une impulsion innée, automatique et invariable qui régit le comportement de tous les individus d'une même espèce.

Les abeilles ne peuvent construire d'autres formes d'habitat que des ruches. Certes, ces constructions sont parfaites, mais elles ne changent jamais.

Le passage de la nature à la culture

Comprendre en quoi l'homme est un être de culture passe par la mise en évidence de ce qui le fait sortir de la nature, de l'état d'animalité.

Contrairement à l'animal qui ne fait qu'habiter le monde, l'homme rend le monde habitable en le transformant , par la technique et le travail, mais aussi par la religion, le langage, l'art et l'histoire. L'homme charge ainsi les choses d'une portée symbolique.

C'est cette idée que la culture est indissociable de la nécessité pour l'homme de rendre le monde habitable que souligne Hannah Arendt dans La Crise de la culture .

Le mot « culture » dérive de colere - cultiver, demeurer, prendre soin, entretenir, préserver - et renvoie principalement au commerce de l'homme avec la nature, au sens de culture et d'entretien de la nature en vue de la rendre propre à l'habitation humaine.

Hannah Arendt

La Crise de la culture , ( Between Past and Future ), trad. Patrick Lévy, Paris, éd. Gallimard, coll. « Folio » (1972)

Dans cette citation, Arendt met en évidence le fait que l'homme, contrairement aux animaux, entreprend un travail de transformation de la nature en vue de la rendre propre à l'habitation humaine.

Aussi pouvons-nous dire que l'homme sort de la nature dans la mesure où, au lieu de simplement habiter dans le monde, il le transforme pour le rendre habitable. La culture correspond donc à ce qui le fait sortir de l'animalité.

Des limites floues entre nature et culture

A priori, il semble possible de distinguer ce qui relève de la nature ou de la culture en l'homme.

En effet, il y aurait d'un côté notre héritage biologique, ainsi que les exigences propres à la nature d'être vivant de l'homme, et d'un autre côté les manifestations de son intelligence, telles que le langage, la technique, l'art ou bien encore la religion. Pourtant, ce partage n'est peut-être pas si évident.

De fait, lorsque l'on tente de penser cette distinction entre nature et culture, on se place dans une perspective historique et l'on peut se demander par quel moyen l'homme s'est arraché du règne animal pour devenir un être culturel.

Or, lorsque l'on tente de rendre compte précisément de ce qui relève de l'une ou de l'autre de ces deux catégories, on se rend rapidement compte que la frontière est très floue.

Si l'enfant a peur du noir, est-ce dû aux instincts propres à sa nature animale, ou bien est-ce le résultat des histoires que lui racontait sa nourrice ? De la même façon, il semble naturel d'avoir faim à midi, alors qu'il s'agit en vérité d'une habitude sociale.

Maurice Merleau-Ponty met en évidence cette intrication indémêlable du naturel et du culturel en l'homme : l'homme est un mélange de nature et de culture .

Il n'est pas plus naturel ou pas moins conventionnel de crier dans la colère ou d'embrasser dans l'amour que d'appeler « table » une table. Les sentiments et les conduites passionnelles sont inventés comme les mots. Même ceux qui, comme la paternité, paraissent inscrits dans le corps humain sont en réalité des institutions. Il est impossible de superposer chez l'homme une première couche de comportements que l'on appellerait « naturels » et un monde culturel ou spirituel fabriqué. Tout est fabriqué et tout est naturel chez l'homme, comme on voudra dire, en ce sens qu'il n'est pas un mot, pas une conduite qui ne doive quelque chose à l'être simplement biologique, et qui en même temps ne se dérobe à la simplicité de la vie animale, ne détourne de leur sens les conduites vitales, par une sorte d'échappement et par un génie de l'équivoque qui pourraient servir à définir l'homme.

Maurice Merleau-Ponty

Phénoménologie de la perception , Paris, éd. Gallimard, coll. « Tel » (2005)

Pour Merleau-Ponty, les sentiments comme les comportements qui paraissent les plus naturels ont en réalité le même niveau d'artificialité que les mots du langage choisis arbitrairement pour désigner des objets. Il n'y a donc pas de sens à séparer ce qui, en l'homme, relèverait de l'une ou de l'autre de ces catégories.

Il faut donc dire que rien en nous n'est tout à fait naturel ou tout à fait culturel. Toutes nos réactions naturelles sont médiatisées par nos acquis culturels, tout comme nos acquis culturels sont médiatisés par nos données biologiques. L'homme est un être mélangé, un mixte de nature et de culture.

Les moyens et les façons pour l'homme d'acquérir une culture savante

La notion de culture savante.

Une autre définition de la culture que l'on peut étudier est la culture savante.

En effet, lorsque l'on dit d'une personne qu'elle est cultivée (ou bien à l'inverse qu'elle est inculte), on renvoie implicitement à un type de culture particulier   : la culture savante.

Parler de culture savante, c'est renvoyer à un ensemble de références scientifiques, artistiques et littéraires qui sont reconnues comme constituant la culture. Il faut donc comprendre l'idée de culture savante en tant qu'elle s'oppose à la culture populaire.

Par exemple, aller écouter un opéra de Mozart au théâtre relève de la culture savante tandis qu'écouter une chanson de variété à la radio relève de la culture populaire.

Cette distinction entre culture savante et culture populaire véhicule l'idée qu'il y aurait une forme de culture légitime  : la « culture cultivée », celle légitimée par des institutions.

Le sociologue Pierre Bourdieu s'est intéressé à cette distinction. Il montre que la culture et les styles de vie fonctionnent comme des moyens de produire des différences et des hiérarchies sociales . La culture légitime apparaît comme le produit d'une domination . La classe dominante maintient sa position dominante par une stratégie de distinction  : en définissant et en imposant pour le reste de la société la norme du « bon goût », en imposant sa culture comme culture légitime pour toute la société, elle se pose en classe supérieure. La possession de ce capital culturel lui permet de se distinguer.

Bourdieu insiste sur le fait qu'il ne s'agit pas d'une recherche explicite de distinction : les jugements portés sur le beau et le laid sont le résultat de ce qu'il nomme habitus , c'est-à-dire de manières de penser et d'agir intériorisées à travers l'éducation et le milieu familial.

L'enjeu, pour Bourdieu, est de montrer que dans les sociétés contemporaines, les inégalités culturelles jouent un rôle au moins aussi important que les inégalités socio-économiques . Ainsi, en dépit d'une réussite sociale et économique, un individu ne possédant pas les codes de la culture légitime demeurera culturellement inférieur. On oppose ainsi à la figure du nouveau riche celle de l'aristocrate qui, bien que ruiné, maîtrise à la perfection les règles du bon goût.

En ce sens, la « culture » peut être utilisée comme un instrument de domination et de légitimation de cette domination . Les dénominations utilisées pour désigner ceux qui n'ont pas cette culture sont péjoratives : incultes, profanes, etc.

Les moyens de l'homme pour se cultiver

La raison et la technique.

L'homme possède deux qualités spécifiques qui le distinguent des animaux et lui permettent de se cultiver : la raison et la technique.

On oppose souvent à cette idée que les animaux possèdent eux aussi la technique : les castors construisent des barrages à la perfection, et les ruches des abeilles présentent une technique que l'homme peine à reproduire. Pourtant, il est difficile de parler de culture dans ce cas-là dans la mesure où, lorsque les animaux réalisent de telles prouesses techniques, ils ne font que réaliser ce qu'exige d'eux leur instinct. Malgré ce dont ils sont capables, les animaux ne peuvent pas innover : les abeilles continuent de construire les mêmes ruches, les castors de construire le même type de barrages.

L'homme, grâce à la raison, est capable d'inventer de nouveaux objets techniques : la raison en l'homme correspondrait à l'instinct chez l'animal. C'est d'ailleurs cette différence que met en évidence le mythe de Prométhée tel que le rapporte Platon dans Protagoras .

Le mythe de Prométhée

Ce mythe décrit la façon dont les dieux, au moment de la création des races mortelles, confient à deux frères la tâche de répartir les qualités entre les espèces. L'un des frères, Épiméthée, distribue ainsi entre les animaux diverses qualités : la force, la rapidité, la possession de griffes, d'ailes, etc. Mais, au cours de ce partage, il oublie l'homme, qui reste le singe nu, c'est-à-dire un être sans qualité. L'espèce humaine ne possède donc pas l'équipement naturel nécessaire pour assurer sa propre survie. C'est afin de réparer cette erreur que son frère, Prométhée, intervient : comme toutes les qualités ont été distribuées, il dérobe aux dieux le feu qui est le symbole de l'intelligence technicienne. L'espèce humaine obtient alors les moyens d'assurer sa survie, au même titre que les autres animaux. Toutefois, dans la mesure où l'intelligence provient directement des dieux, l'espèce humaine obtient en même temps quelque chose de plus que les animaux : la technique est synonyme d'invention, et c'est par elle que vont apparaître la religion, le langage, ou bien encore l'agriculture.

Ainsi, la culture est avant tout une réponse à un manque : l'homme est une espèce démunie face aux autres animaux. En effet, il ne possède ni outil ni instinct, c'est-à-dire un savoir-faire technique inné. C'est donc pour pallier ce manque qu'il reçoit une part du divin, l'intelligence technique, laquelle est susceptible de progrès indéfinis.

La perfectibilité

De plus, contrairement aux animaux, l'homme dispose de la capacité de faire usage de sa raison et de développer de nouvelles techniques. C'est ce que l'on appelle la perfectibilité.

Il est alors possible d'affirmer que la particularité de l'homme est de n'avoir aucune nature prédéfinie. De ce point de vue, l'homme est un être changeant , ayant la capacité de se développer d'une infinité de manières différentes. C'est ce que souligne Jean-Jacques Rousseau dans la première partie du Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes.

La perfectibilité, c'est la faculté de se perfectionner, faculté qui, à l'aide des circonstances, développe successivement toutes les autres, et réside parmi nous tant dans l'espèce que dans l'individu ; au lieu qu'un animal est au bout de quelques mois ce qu'il sera toute sa vie, et son espèce au bout de mille ans ce qu'elle était la première année de ces mille ans.

Jean-Jacques Rousseau

Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes , Paris, éd. GF Flammarion (2016)

C'est bien la perfectibilité qui rend l'homme susceptible de progrès et d'innovation, alors que l'animal, déterminé par l'instinct propre à son espèce, ne peut que reproduire ce qui est propre à sa nature.

Si la nature de l'homme est de n'avoir pas de nature définie, il possède néanmoins la faculté de se perfectionner.

Les différentes façons pour l'homme de se cultiver

L'éducation et la transmission.

La culture se transmet et s'apprend.

En effet, le patrimoine culturel n'est pas de nature biologique, il ne se transmet pas par les gènes. Bien au contraire, comme le souligne Edgar Morin, la transmission de la culture relève d'une volonté de transmission et d'une appropriation active.

La culture est un patrimoine informationnel constitué des savoirs, savoir-faire, règles, normes propres à une société […]. La culture s'apprend, se réapprend, se retransmet, se reproduit de génération en génération. Elle n'est pas inscrite dans les gènes, mais au contraire dans l'esprit-cerveau des êtres humains.

Edgar Morin

Le Paradigme perdu : la nature humaine , Paris, éd. Seuil

La culture ne passe pas par les gènes mais nécessite une transmission volontaire et une appropriation active : c'est notamment le but de la lecture de livres, mais aussi de la création des écoles ou des musées.

Mais la culture ne doit pas seulement s'entendre au sens de l'héritage culturel : se cultiver, c'est aussi se transformer soi-même, développer au mieux ses facultés.

L'effort pour se cultiver soi-même

Se cultiver, c'est donc prendre soin de ce que l'on possède déjà : son corps et son esprit. En ce sens, la culture correspond à l'amélioration de ce qui est donné .

La culture de ses forces naturelles (forces de l'esprit, de l'âme et du corps), comme moyens en vue de toutes sortes de fins possibles, est un devoir de l'homme envers lui-même. L'être humain se doit à lui-même (comme être rationnel) de ne pas laisser inutilisées et, pour ainsi dire, de ne pas laisser se rouiller les dispositions et facultés naturelles dont sa raison peut un jour faire usage.

Emmanuel Kant

Métaphysique des mœurs , ( Die Metaphysik der Sitten ), trad. Alain Renaut, Paris, Flammarion (1994)

L'homme, en tant qu'être rationnel capable de se cultiver, se doit d'améliorer ses capacités (celles du corps et celles de l'esprit) s'il veut devenir pleinement humain.

Cette culture de soi ne se fait pas naturellement ou instinctivement : c'est par un effort sur lui-même et un dépassement de ses instincts que l'homme s'améliore. On peut parler de devoir envers lui-même, l'être humain devient un peu meilleur à chaque évolution.

L'opposition entre les différentes cultures

La définition d'une culture par opposition à une autre.

Historiquement, la notion de culture s'est développée par opposition à son autre  : le sauvage, le barbare. Ainsi, dans l'Antiquité, les Grecs appelaient « barbares »  tous ceux qui ne participaient pas à la culture gréco-romaine. Étymologiquement, le mot « barbare » englobait toutes les personnes qui parlaient « en charabia » : leur langage, inarticulé en apparence, n'était pas reconnu comme tel, semblant apparenté aux cris émis par les animaux. Plus généralement, parler d'acte barbare ou de mœurs et de traditions barbares revient à refuser le statut de culture, et donc le statut humain, à un groupe d'hommes.

L'usage de la notion de sauvage fonctionne de la même manière : on qualifie de « sauvages » les populations dont les modes de vie semblent proches de ceux des animaux, en particulier au moment de la conquête du continent américain. À nouveau, parler de « sauvages » équivaut à refuser le statut d'être de culture, donc un statut proprement humain, à certains hommes. Montaigne dénonce l'usage de la notion de barbarie dans ses Essais.

On appelle « sauvage » celui dont on considère qu'il n'a aucune culture, et « barbare » celui dont on considère la culture comme étrangère à la nôtre.

Chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage.

Michel de Montaigne

Essais , Bordeaux, éd. Simon Millanges

Montaigne met en évidence le fait que la notion de barbarie ne sert qu'à qualifier des pratiques qui nous sont étrangères.

C'est cette distinction entre peuples civilisés d'un côté et peuples sauvages de l'autre que recouvre la culture comprise comme civilisation : certes, tous les peuples attestent d'une forme de culture (c'est-à-dire de modes de vie particuliers et d'expressions de leur histoire), mais tous les peuples n'ont pas atteint le même degré de civilisation.

La comparaison entre les cultures et l'ethnocentrisme

Il importe d'être conscient du fait que l'usage même de la notion de culture peut servir à dévaloriser des modes de vie qui s'opposent à ceux de la culture à laquelle on appartient. C'est pour cette raison que la comparaison des cultures est un exercice extrêmement délicat.

En effet, le fait de comparer suppose que l'on prenne un étalon à partir duquel on effectue la comparaison. Ainsi, un modèle de culture est toujours choisi, et on évalue les autres cultures en fonction de ce modèle. De là naît le risque d'ériger en normes des pratiques particulières à partir desquelles évaluer les autres cultures. Autrement dit, comparer les cultures peut se réduire à universaliser des habitudes acquises par une culture particulière au détriment des autres.

C'est cette difficulté majeure que l'ethnologue Claude Lévi-Strauss a mise en lumière, à travers le concept d'ethnocentrisme . En effet, l'ethnocentrisme est la « tendance, plus ou moins consciente, à privilégier les valeurs et les formes culturelles du groupe ethnique auquel on appartient ».

C'est ainsi que l'Occident a généralement pris son modèle d'évolution historique de la culture pour évaluer les autres cultures du monde. Lévi-Strauss souligne que ce que l'on évalue alors n'est pas une évolution, mais simplement un changement par rapport à sa propre culture. Autrement dit, ce qui apparaîtra comme un changement à un individu donné pourra apparaître comme une stagnation à un autre, car chacun voit le changement en fonction des critères propres à la culture à laquelle il appartient.

Ethnocentrisme

L'ethnocentrisme est la tendance, pour une culture donnée, à considérer ses normes et ses pratiques comme la mesure et le modèle pour comprendre toutes les autres cultures. Cette tendance amène à rejeter les autres formes de cultures, ou à les considérer comme inférieures à la sienne.

Le relativisme culturel

Cette difficulté de comparer les cultures, et plus largement d'utiliser, pour étudier des cultures, des modes de pensée qui lui sont étrangers, a des effets sur l'appréhension des cultures.

En effet, en réaction à l'ethnocentrisme s'est formé ce que l'on nomme le relativisme culturel .

Le relativisme culturel est une thèse qui soutient que les croyances et les activités mentales d'un individu dépendent de la culture à laquelle il appartient : il importe de reconnaître la diversité des cultures ainsi que leur égale dignité. Cette reconnaissance s'accompagne d'une tolérance à l'égard des autres cultures. Elle pose comme principe qu'il est impossible de juger moralement les actes d'un individu d'un point de vue extérieur.

La pratique de la polygamie n'est pas une marque de sauvagerie mais fait partie intégrante du mode de fonctionnement d'une société donnée.

Le relativisme culturel énonce que les normes et les règles morales changent d'une culture à l'autre. Il n'existe donc pas de modèle culturel universel   : les normes ne sont pas absolues, elles sont le résultat de coutumes et de pratiques sociales. Aussi ces règles ne peuvent être comprises qu'à l'intérieur de l'aire culturelle où elles ont émergé.

Néanmoins, le relativisme culturel met l'ethnologue dans une position difficile : en tant que scientifique, le regard qu'il porte sur les sociétés étudiées doit être objectif. Mais en même temps, cette attitude risque de l'amener à accepter des comportements qu'il condamnerait par ailleurs, comme la cruauté. La solution pourrait consister à suspendre tout jugement moral dans le cadre de l'étude des populations, et à refuser de penser les cultures sur le mode du progrès ou de l'évolution, tout en maintenant l'exigence du respect de la dignité de l'être humain comme idéal.

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La dissertation de philosophie 2017, chapitre 6. la nature et la culture.

  • Par Étienne Akamatsu

Pages 187 à 198

Chapitre d’ouvrage

La culture fait partie des évidences dont nous avons besoin pour tracer notre route au sein de la société et dans le monde ; et nous comptons évidemment, parmi les traits de culture, les manières de penser qui sont tellement ancrées en nous par l’éducation et par des visions du monde ancestrales, que nous pouvons à peine en prendre conscience. Or la culture consiste d’abord en un processus de conquête de cet état d’esprit : avant de s’identifier à l’état normal de la société, la culture est un effort. L’être humain est d’abord un animal hominisé : loin de se contenter d’une adaptation à des circonstances données, il est emporté par un élan qui lui fait affronter l’inconnu et produire de nouvelles conditions de vie. La culture est un travail qui se prolonge au-delà des temps préhistoriques. La préoccupation de la culture consiste à se distinguer de la sauvagerie. Au regard de l’homme civilisé, le sauvage se définit comme l’homme qui n’a pas accédé à la culture. A vrai dire, aucun peuple connu n’est à proprement parler dépourvu de culture. On aime donc à désigner par ce mot de « sauvage » des hommes qui n’ont pas le même niveau de culture que soi, et qui semblent perpétuer des modes de vie ancestraux. Les civilisations se distinguent par leurs préférences, les modalités de leurs cultes, les formes de la civilité, mais elles se répartissent aussi au long d’une échelle de valeurs : elles sont plus ou moins avancées sur le chemin du progrès. Les philosophes peuvent débattre longtemps des avantages et des inconvénients de « l’état de nature », puisqu’il est fictif : c’est la représentation d’un état de l’humanité qui fait contraste avec la situation connue et présente de la société, un état duquel il était cependant nécessaire que les hommes s’extraient…

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